FoutADAGE de gueule

Quand nous nous sommes engagés dans l’Education Nationale, au service du public sur l’ensemble du territoire, nous ne nous attendions pas à avoir honte de notre institution.

Honte l’an dernier quand les Pactes ont été supprimés sans préavis et qu’il a été impossible pour les chefs d’établissement d’honorer leurs engagements vis-à-vis de leurs équipes investies au quotidien.

Honte cette année avec la fermeture de l’application ADAGE. Là encore sans préavis, ni même aucun signe annonciateur.

Qu’allons-nous-dire aux professeurs dont les projets tombent à l’eau alors qu’ils étaient budgetés ?

Qu’allons-nous dire aux professionnels qui ont joué le jeu et se sont inscrits sur la plateforme ADAGE, avec lesquels nous avions des habitudes de travail depuis des années et dont l’existence de leur activité est menacée, voire condamnée par cette fermeture brutale ?

Qu’allons-nous dire aux élèves dans l’attente de ces projets qui donnent sens aux apprentissages et parfois provoquent le fameux « déclic » qui fait basculer du bon côté de la moyenne ?

Par quelles contorsions allons-nous expliquer aux communautés éducatives que les décisions votées en conseil d’administration ont encore la garantie du sérieux institutionnel ? Que ces improvisations sont sans effet sur la construction des parcours éducatifs que les élèves présentent à l’épreuve orale du DNB ? Que le levier culturel de la réussite scolaire n’est pas en péril alors que les collectivités arguent dans certains départements de l’existence d’Adage pour baisser les dotations pédagogiques ?

Oui, nous avons honte de ce fonctionnement irrespectueux et inadmissible, qui nous met une nouvelle fois en difficulté car les chefs d’établissement sont sur le front au quotidien, et c’est à eux que seront demandés des comptes, pas à la Ministre ou aux Recteurs.

Il faut savoir que le Pass Culture collectif a été aussi coupé à Mayotte, alors même que la ministre y fait un déplacement de deux jours pour réussir la reprise scolaire. Madame la Ministre, vous n’avez pas honte ?

Nous n’en pouvons plus de ces beaux discours politiques rappelant sans cesse la priorité donnée à l’Education, alors que dans les faits, il n’en est rien, bien au contraire. Quel respect est-il encore possible d’accorder à un gouvernement dont le peu d’exemplarité se mesure chaque jour aux compromissions douteuses et aux déloyautés répétées, et dont l’action n’a d’autre effet que de dégrader toujours plus l’Ecole publique ?

La honte doit changer de camp, l’Ecole doit retrouver sa dignité. Cela passe par un changement radical de regard sur les personnels et sur les procédures adoptées par nos hiérarques hors-sol. Cela passe également pour nous, personnels de direction, par le refus d’accepter ce qui devient de la maltraitance institutionnelle.

Bureau national du snU.pden-FSU

Bobigny, le 1er février 2025