Du kayak et de la com pour Jean-Michel Blanquer

Mais nous, on rame pour la rentrée

Après avoir péniblement produit un protocole sanitaire de 54 pages, le ministère de l’Education Nationale a choisi de desserrer progressivement les consignes, quitte à les rendre inapplicables au mois de juin. Toujours dans la même ligne, le ministère a produit un nouveau protocole pendant l’été, 7 pages au total, dans lequel la notion même de protocole est vidée de sa substance. À part le masque, il n’y a pas d’autre obligation. Tous les élèves doivent rentrer, c’est d’ailleurs ce que la circulaire de rentrée, publiée le 10 juillet (!!!!) précisait déjà. Mais les décisions sont renvoyées au local. À charge pour les personnels de direction d’estimer le risque sanitaire. Doit-on laisser les élèves dans leur salle, limiter le brassage ? Si c’est possible… Quels sont établissements français en mesure de pouvoir accueillir tous les élèves, de limiter réellement le risque de brassage, ça, le Ministre ne le dit pas. Pompeusement, il écrit que la France a un des taux de décrocheurs les moins importants d’Europe. Sans chiffre à l’appui. Il faut croire en la parole venue d’en haut. C’est là une tradition bien française, et particulièrement développée par « notre » administration. Les textes dont nous parlons ont été produits au début ou au milieu de l’été, à un moment où la pandémie dans l’hexagone semblait avoir laissé un peu de répit aux personnels soignants. Sur les chaînes d’information, pour autant, les médecins-consultants continuaient à inviter à la prudence, en recommandant aux Français de respecter les gestes barrières, craignant le risque d’un rebond possible en octobre-novembre, voire à la rentrée. On se souvient également de l’évocation dans les couloirs des rectorats d’une rentrée hybride.

Le plan de continuité ne répond pas à l’essentiel, alors que dans d’autres pays, en Belgique notamment, le protocole publié le 24 juin proposait des scenarii très clairs et adaptés à l’évolution de la crise sanitaire. Au Luxembourg, les élèves de la maternelle au lycée seront tous testés avant la rentrée scolaire. En Italie, l’Etat a mis la main à la poche en achetant des tables individuelles et en décidant l’embauche de 50000 enseignants à cette rentrée scolaire ainsi qu’une enveloppe de 977 millions d’euros prévue au budget de relance pour l’Education. Rien de tel pour l’Ecole en France… Dans le même temps, la blogosphère et les journaux montraient Jean-Michel Blanquer faisant du kayak ou jouant au volley-ball pendant la période estivale. Chacun occupe l’espace médiatique comme il peut… A chacun sa communication….

Rarement donc une rentrée n’aura été si incertaine, si stressante et anxiogène pour les personnels de direction, les enseignants, les agents, parents et élèves et l’ensemble de la communauté éducative. Les équipes de direction doivent choisir les stratégies les plus adaptées, puisque que c’est la doctrine du local, chère au premier ministre, qui prévaut. Ceci, dans un cadre qui ne permet de faire réellement aucun choix, sinon de subir les aléas de la pensée ministérielle et de la pandémie.

Parallèlement, les réformes se poursuivent par petites touches, le détricotage du baccalauréat en tant qu’examen national se renforce au prétexte de la simplification de l’organisation des épreuves. Si cette simplification est nécessaire, elle ne doit pas permettre l’abandon de la reconnaissance nationale, égalitaire du diplôme sur l’ensemble du territoire, indépendamment du lycée d’appartenance de l’élève.

Nous appelons les personnels de direction à faire entendre leur parole, notre parole, leur mécontentement et à poser des questions concrètes pour obtenir des réponses précises, claires, dans des délais qui nous permettent d’anticiper… Pour porter cette voix, les personnels de direction ont besoin d’un syndicalisme qui ne soit pas dans l’accompagnement des politiques gouvernementales. Le snU.pden-FSU porte cette volonté.

Paris, le 20 août 2020

Le Bureau National du snU.pden-FSU