Réouverture des établissements scolaires

La responsabilité au local ? Non

Suite aux déclarations du Premier ministre, c’est une grande colère qui s’empare des personnels de direction dans cette phase de préparation de réouverture des établissements scolaires. Pour bien nous préparer, nous avons besoin de comprendre, ce que ne permet pas la communication gouvernementale. De plus les protocoles définis demeurent très loin de nos attentes.

L’école et les collèges ne doivent pas être considérés comme des garderies pour permettre aux parents de retourner au travail.

Nous soulignons depuis l’annonce du Président de la République que la méthode employée concernant une réouverture progressive à partir du 11 mai est construite à l’inverse de la méthode qui aurait dû être mise en œuvre. Celle-ci aurait dû établir un protocole national, en concertation avec les représentants des personnels, définissant le bon rapport entre ce niveau national et la flexibilité nécessaire pour permettre les adaptations locales indispensables. La date du 11 mai ne doit en aucun être établie en jour sacré de la réouverture des écoles, ni les suivantes pour les autres niveaux d’enseignement. Nous devons rouvrir dès que nous serons prêts à le faire dans des conditions de sécurité sanitaire satisfaisantes pour les usagers et les personnels. La réouverture ne peut être dictée par des impératifs économiques.

Incrédulité face aux évolutions des décisions annoncées dans une cacophonie tant présidentielle que gouvernementale. Incrédulité qui entame la confiance indispensable dans la parole publique. Une seule suite pour étayer notre sentiment : 21 avril, audition de Monsieur le Ministre devant la commission de la Culture et de l’Éducation de l’Assemblée nationale. Il affirme que le plan de réouverture maintiendra le principe de la scolarité obligatoire pour tous les élèves et annonce que pour le second degré, à partir du 18 mai, reprendront en groupes allégés les collèges avec les 6e et 3e, les lycées avec les classes de première et terminale, ainsi que des ateliers industriels en lycée professionnel. Deux jours plus tard la cacophonie commence. Le Président de la République annonce devant les représentants des Maires de France que le retour des élèves s’effectuera selon le principe de volontariat des familles. Et la suite se poursuit avec l’intervention du Premier ministre qui, pour rester sur notre exemple, réaffirme le principe du volontariat des familles mais modifie les niveaux concernés pour l’accueil dans les EPLE les collégiens de 6ème et 5ème, les lycées ? renvoi fin mai, voire plus tard !

Si Monsieur le Premier Ministre a apporté quelques précisions, notamment pour l’usage des masques en EPLE, hier 28 avril, nous sommes très loin du cadrage national que nous réclamons.

Même dans le cadre d’un déconfinement progressif, nous rappelons, sans être exhaustifs, quelques points qui doivent être impérativement précisés par le Gouvernement :

Sur les plans GRH et organisationnels

  • Quels élèves accueillis ? Chaque établissement ne peut déterminer seul quels élèves doivent être accueillis.  Le principe inadmissible du volontariat qui brise celui de l’obligation scolaire et renvoie la responsabilité de la mise en établissement scolaire aux familles. Ce volontariat complexifie de plus l’organisation des établissements.
  • Quel protocole pour les élèves qui ne présentent pas les conditions sanitaires pour être accueillis ?
  • Comment connaître précisément les personnels qui seront face à élèves pour l’accueil des élèves : ASA pour garde d’enfants, personnes fragiles en télétravail, personnels en arrêt de travail, selon quelles modalités ?
  • Quels principes à mettre en œuvre pour l’adaptation des emplois du temps des personnels pour répondre aux nouvelles organisations.
  • Quelles mesures à appliquer, en lien avec les collectivités territoriales, pour les internats et les restaurations scolaires ?
  • Protocole pour la mise à disposition d’équipes pluri professionnelles formées pour accompagner les personnels et élèves dans des établissements qui auront été fortement touchés par des évènements graves pendant la période de confinement.
  • Quelle mobilisation des instances des EPLE : CHS et Conseil d’administration pour avis.
  • Quelles modalités d’accueil des élèves qui relèvent du handicap qui sont accompagnés par un AVS ?

Sur le plan pédagogique

  • Quel cadre pour l’adaptation des emplois du temps ?
  • Comment concilier travail présentiel et à distance ?
  • Au collège, au lycée et dans l’ensemble du monde éducatif, le lien a été maintenu avec la plupart des enfants et adolescents.  Mais pour les élèves, l’enseignement des contenus de programmes n’a pas pu se poursuivre. A certains niveaux et notamment en lycée professionnel, ce lien n’a pas pu être préservé et le risque de décrochage scolaire est grand pour de nombreux élèves. Pour garantir une égalité de traitement, il faut donc donner la consigne claire que le confinement n’a pas été l’occasion de nouveaux apprentissages et que les enseignements doivent reprendre là où ils en étaient le 14 mars.
  • Prenant en compte la diversité des conditions de confinement, il devra être clairement indiqué qu’aucune évaluation, implicite ou explicite, défavorable à l’élève ne pourra être retenue ou évoquée pour définir une décision d’orientation ou l’attribution d’un diplôme.
  • Quelles modalités pour les décisions d’orientation des élèves, notamment post 3ème et post terminale ?

Nous avons pris note que l’État s’engage à fournir à tous ses personnels des masques de protection et que tous les élèves collégiens doivent en être équipés, la fourniture devant être réalisée soit par les familles, soit par l’établissement.

Dans ce cadre précisé, des modalités pratiques doivent être très rapidement mises en œuvre, par exemple l’organisation des commandes et de livraison de ces matériels sanitaires, avec échéancier. Il doit en être de même avec les autres fournitures sanitaires indispensables pour le nettoyage et la désinfection, dont le gel hydro alcoolique.

Nous rappelons une nouvelle fois que, selon l’article R421-10 du code de l’éducation, en qualité de représentant de l’État au sein de l’établissement, « le chef d’établissement prend notamment toutes dispositions, en liaison avec les autorités administratives compétentes, pour assurer la sécurité des personnes et des biens, l’hygiène et la salubrité de l’établissement et est responsable de l’ordre dans l’établissement. Il veille au respect des droits et des devoirs de tous les membres de la communauté scolaire. »

Nous rappelons également la note du Conseil scientifique du 24 avril qui affirme que les autorités doivent : « s’assurer que les mesures sanitaires … soient opérationnelles au moment de l’ouverture de chaque établissement scolaire et d’assurer la coordination entre l’éducation nationale et les autres acteurs intervenant en milieu scolaire (mairies, conseils départementaux, conseils régionaux…). » Cette préconisation doit s’appliquer sans faille.

Les chefs d’établissement seront donc responsables de l’évaluation de la capacité de l’établissement à ouvrir ou non et à accueillir, dans des conditions encore à préciser, des groupes d’élèves. Ils ne devront subir aucune pression des autorités, leurs décisions devront être avalisées par les autorités dans une relation de confiance et de responsabilité.

Nous attendons aujourd’hui des réponses précises qui nous permettent de comprendre et nous préparer au mieux, pour accueillir, lorsque cela sera possible, des élèves. Il en va de cette rentrée, comme celle de septembre.

Igor GARNCARZYK

Secrétaire général du snU.pden-FSU