Alors que le variant Anglais, beaucoup plus contaminant, se diffuse dans la société, le Ministère de l’Education nationale reste muet sur les mesures à prendre. De nouveaux textes émanant du Ministère de la Santé et des agences régionales de la santé ont été communiquées aux infirmières, sans cadrage de notre Ministère. Ils laissent une nouvelle fois les chefs d’établissement seuls face à des décisions fondamentales à prendre, en particulier sur la restauration scolaire. Les annonces de ce soir sont très attendues.
En effet, le 9 décembre, le Ministère des solidarités et de la santé a actualisé son dispositif de contact-tracing dans les établissements scolaires. On y apprend, page 2, qu’est considérée comme contact à risque, « toute personne ayant eu un contact direct, en face à face, à moins d’un mètre, quelle que soit la durée (ex. conversation, repas, flirt, accolades, embrassades). […] Toute personne ayant partagé un espace confiné (bureau, salle de réunion, véhicule personnel… pendant au moins quinze minutes consécutives ou cumulées sur 24 heures avec un cas, ou étant resté en face à face avec un cas durant plusieurs épisodes de toux ou d’éternuement. »
Pour les cas contacts (possibles, probables, confirmés), « la durée d’isolement est de 7 jours pleins (9 jours pour les cas immunodéprimés). Le retour aux activités pour le personnel et les enfants de plus de 11 ans est possible sous réserve du respect strict des mesures barrières et du port rigoureux du masque chirurgical pendant une période de 7 jours après la levée de l’isolement. En cas d’impossibilité à respecter ces mesures, l’isolement doit être poursuivi jusqu’à J14 (certaines activités peuvent être concernées par cette prolongation de l’isolement : restauration à la cantine, internat, activités sportives, etc.). »
Les schémas de l’ARS distinguent le contact à risque avec une personne Covid+ dans le milieu familial ou dans le milieu extra-familial, avec à chaque fois de nouvelles possibilités et donc des conduites à adapter.
Pour résumer et faire simple, il semble bien que ces schémas donnent tout simplement l’impression que la gestion des internats, des cantines scolaires, des cours d’EPS, bref de toutes les sphères dans lesquelles les élèves peuvent avoir des contacts directs sans masque n’ont pas été traitées selon le principe de précaution. Que cela n’a pas été tranché par le Ministère de l’Education Nationale lui-même, simplement pour pouvoir afficher que la rentrée de janvier 2021 s’est déroulée normalement. Sauf que rien n’est normal.
Et si l’on prend, ne serait-ce que l’exemple des restaurants scolaires, qui peut s’assurer que des élèves cas contact puissent manger sans risque et sans faire prendre de risque aux autres ??? Est-ce qu’un isolement de deux mètres, trois mètres des autres suffit ? Quelle bonne distance ? Comment faire face à une brusque montée des cas contacts dans son établissement et à leur retour ? Que dire aux familles ? Et puis, même si ce n’est que du langage administratif, comment gérer les droits constatés ? Qui prend le pas sur les décisions ? La collectivité territoriale, l’agent comptable, le chef d’établissement ?
Une nouvelle fois, rien n’est prêt. Allons-nous basculer vers un nouveau confinement ? Quand ? A quoi doit-on se préparer ? Comment gèrera-t-on les épreuves du baccalauréat ? Celles du DNB et du BTS ? De quelle anticipation pourrons-nous disposer pour organiser ce qu’il y aura à faire ? Doit-on déjà organiser le prêt de matériel pour les élèves ? Toutes ces décisions et cette logistique demandent un travail considérable et ne peuvent pas relever du bon sens de tel ou tel personnel de direction. Enfin, la communication officielle nous rebat les oreilles d’un risque psychologique d’un nouveau confinement. Qu’en est-il des conditions actuelles de travail et des risques psychosociaux sur les personnels, quelle que soit leur catégorie ?
« Quand on regarde ce qu’on a fait, c’étaient les bonnes solutions… Le milieu scolaire n’est pas plus contaminé que la société… », expliquait Jean-Michel Blanquer sur RTL, le 10 janvier dernier. Qui peut croire que c’est vrai ?
Bobigny, le 14 janvier 2021
Le bureau national