Education Nationale : après le confinement, la garderie scolaire ?

Le retour des élèves se profile, après une semaine de préparation très compliquée, parfois rocambolesque, voire tout simplement impossible. Nous avons souvent eu le sentiment de vivre plusieurs journées en une seule. Plus qu’un marathon, une épreuve, avec un retour de personnels éprouvés par le confinement et qui doivent s’acclimater à des conditions de travail nouvelles et très dégradées. Vous lirez ci-dessous notre analyse de l’après confinement. Bonne lecture, bon courage et surtout, surtout : prenez-soin de vous et de vos proches.

Le protocole sanitaire national donne de nombreuses directives, parfois bien difficiles à mettre en place dans les établissements. Vous trouverez sur notre site un document synthétique qui peut aider les personnels de direction dans cette phase de finalisation des protocoles des collèges déclinés à partir des consignes sanitaires nationales.

Au-delà des interrogations nombreuses sur les modalités et la pertinence d’un retour des élèves à partir du 18 mai des questions essentielles pour l’avenir de l’Éducation Nationale, de ses élèves et de ses personnels demandent une réponse dans les plus brefs délais :

  • Orientation et affectation : pour permettre au plus grand nombre d’élèves d’obtenir satisfaction dans un vœu d’affectation réellement motivé, une augmentation des capacités d’accueil est nécessaire ;
  • Examens :
    • pour les baccalauréats : les modalités d’attribution doivent être précisées pour une délivrance équitable sur l’ensemble du territoire ;
    • l’oral de français doit être abandonné pour des raisons pédagogiques et organisationnelles ;
    • pour le DNB, des modalités d’attribution simplifiées doivent être mises en œuvre sans mettre en difficulté les établissements qui n’évaluent plus par les notes. Une attribution prenant en compte les huit domaines du socle commun de CC pourrait le permettre
  • Adaptation des programmes pour prendre en compte les conditions particulières d’enseignement de la deuxième partie d’année scolaire ;
  • Recrutement de personnels d’enseignement supplémentaires pour permettre l’augmentation des capacités d’accueil et l’allégement des effectifs nécessaires à la réussite scolaire des élèves fragiles.
  • Abondement des fonds sociaux (divisés par deux au budget 2020) pour répondre aux besoins des familles.

Ces premières régulations indispensables dans les jours à venir devront s’accompagner de choix politiques permettant d’envisager l’avenir en tirant les leçons de la crise sanitaire pour effectivement engager une dynamique pour renforcer les politiques sociales ainsi que les Services Publics.

L’hébergement des service « L’école à la maison » du CNED par Amazon montre notre dépendance aux GAFAM et souligne que la route vers un « monde meilleur » n’est pas encore tracée.

Parmi les principales mesures pour lesquelles nous nous mobiliserons, nous citons :

  • La relance du recrutement et du développement des Services Publics qui ont été loués ces dernières semaines, dans les trois fonctions publiques ;
  •  Le déblocage des rémunérations des fonctionnaires, qui ne soit pas simplement liés à l’attribution de primes exceptionnelles ;
  • Une fiscalité qui :
    • prenne en compte les bénéfices engrangés par certains grands groupes pendant la période de confinement,
    •  favorise l’investissement au détriment de la rémunération des actionnaires,
    • prélève sur les plus riches et non sur les classes moyennes et populaires ;
  • La mise en œuvre du 100% sécurité sociale pour la prise en charge de tous les risques sociaux,
  • la relocalisation industrielle : la désindustrialisation de notre pays et le transfert de nombreuses productions vers l’Asie, notamment celles du domaine de la santé, ont montré leurs limites. Il faut relocaliser les productions essentielles à notre indépendance sanitaire mais pas que. Relocalisation qui doit donner naissance à un pôle public du médicament dont les vaccins qui sont un bien commun. Ces derniers nécessitent une coopération internationale.

L’intensité du travail préparatoire nécessaire pour assurer le retour des élèves dans des conditions sanitaires acceptables, ne doit pas faire oublier que ce retour s’effectuera malgré tous les efforts des personnels, dans des conditions dégradées qui nécessiteront souvent des mises en œuvre pédagogiques contradictoires avec les pratiques que nous cherchons à développer avec les élèves, dont les interactions sociales constituent le cœur. Nos efforts ne doivent pas nous conduire à ouvrir les établissements si toutes les conditions sanitaires, matérielles et organisationnelles permettant la reprise dans des conditions de sécurité optimales ne sont pas réunies. Nous appuierons tous les collègues qui seraient amenés à y renoncer. Ces efforts doivent renforcer notre engagement en faveur d’une Éducation Nationale bien meurtrie ces dernières années afin de retrouver une ambition renouvelée pour l’Ecole de la République.

Enfin, tous ces efforts doivent être reconnus et permettre aux personnels de direction de prendre de réelles vacances cet été. Elles ne devront pas être réduites, au motif de la nécessité de l’accompagnement des élèves pendant le temps de vacances. Les collectivités locales et les structures éducatives et de loisirs, les associations de l’éducation populaire doivent être au cœur de ces dispositifs pendant les mois d’été.

Le snU.pden-FSU participera à cette construction d’un lendemain qui réponde à nos aspirations. La crise sanitaire, l’accentuation des inégalités sociales, de l’injustice des décisions gouvernementales doivent nous permettre de construire, souvent par nos luttes, un monde meilleur.

Igor GARNCARZYK

Secrétaire national du snU.pden-FSU