La légitimité des personnels de direction dans leur fonctionnement quotidien se fonde sur les lois et textes réglementaires. Leur champ de compétences légalement défini, induit les relations aux personnels et usagers.
Nous constatons ces dernières années un affaiblissement du droit dans sa capacité à être reconnu comme légitime pour fonder les relations tant au sein de notre État-nation que pour la régulation des relations entre Etats.
Ce constat ne peut être sans conséquence sur la reconnaissance du bien-fondé de l’action des personnels de direction.
Au plan national, les derniers épisodes liés à la condamnation, sur laquelle il est fait appel, d’un ancien chef de l’État, modifient les représentations d’un grand nombre de citoyens sur le bienfondé même d’une décision de justice, induisent la suspicion de partialité de la décision, décrédibilisant ainsi l’application du droit et de la pertinence de l’appel au droit pour définir le cadre de l’action de tout à chacun au sein de notre République.
De même au sein de notre administration, les respects de la loi, de la règle, de la norme écrite, sont de plus en plus souvent débordés par l’injonction et l’imposition, pour imposer des mesures auxquelles, bien souvent, les personnels dans leur grande majorité n’adhèrent pas.
Au plan international, chacun pourra reconnaître que l’affaiblissement du droit international pour contribuer à la régulation des conflits, avec de terribles conséquences sur les populations concernées, son rejet par un nombre de plus en plus important de nations, sa décrédibilisation par les dirigeants des pays les plus influents, le retrait de grandes nations des organismes internationaux dont la fonction est de placer le droit au cœur des relations internationales, tous ces éléments concourent également à affaiblir, dans les représentations d’une part importante de la population, le fait que le droit est utile et nécessaire pour établir des relations sereines et apaisées entre nations.
Par quoi est alors remplacée la force du droit ? Par un appel à d’autres types de rapport de forces souvent beaucoup plus violents, à tous les niveaux.
La conséquence de ces évolutions dans les représentations de nos concitoyens et des plus jeunes, la force et les rapports de force priment sur le droit est désastreuse, notamment sur la construction des repères et du cadre d’action chez les plus jeunes.
Les rapports que nous entretenons avec les personnels placés sous notre autorité et les usagers, parents et élèves, subissent nécessairement les conséquences de ces évolutions dans les représentations des fondations de l’État de droit. Comment la jeunesse peut-elle se construire positivement dans un tel contexte ? Comment les parents et élèves peuvent-ils reconnaître notre action, y compris disciplinaire, comme légitime alors que ses fondements sont ouvertement remis en question par nombre d’acteurs politiques et médiatiques ?
Nous devons résister à cette tendance de délégitimation du droit. Nous devons avoir la capacité, dans toutes les situations professionnelles où les instructions reçues ne sont pas conformes aux textes législatifs et réglementaires, de refuser leur mise en œuvre.
Nous devons, en tant que citoyens, syndiqués, participer à toutes les actions revendicatives remettant le droit à sa juste place, au niveau national, comme international.
Le snU.pden-FSU prend toute sa place dans ce combat collectif dans lequel chacun et chacune d’entre nous a sa place. Nous accompagnerons les collègues sur lesquels des pressions peuvent être exercées lorsqu’ils appliquent simplement ce que leur dicte leur statut de représentants de l’État. Ce combat est nécessaire pour notre institution, pour notre République, pour notre protection.
