A peine l’examen sur le budget de la Sécurité Sociale a-t-il commencé à l’Assemblée Nationale que le ministre de la Fonction Publique, Guillaume Kasbarian, lance un ballon d’essai qu’il espère bien transformer : et si les fonctionnaires étaient alignés sur le privé et qu’ils avaient 3 jours de carence (contre 1 actuellement) en cas d’arrêt maladie ? Avec en prime une baisse de 10 % du salaire pendant toute la période du congé …
Il n’en fallait pas plus pour voir fleurir des reportages sur des médias anti-fonctionnaires où des passants trouvaient unanimement normale cette égalité de traitement public – privé (oubliant au passage tous les avantages du privé dont ne bénéficient pas les fonctionnaires : comités d’entreprises, 13ème mois ou plus, prime lors des départs en retraite, etc.).
Mais :
– pourquoi vouloir systématiquement un nivellement par le bas et ne pas revendiquer un jour de carence pour tous, ou aucun d’ailleurs ? A moins de penser que les médecins font des arrêts de complaisance, tout travailleur qui présente un arrêt maladie le fait car il est considéré comme n’étant pas en état de travailler. Doit-il être puni pour cela ?
– pourquoi oublier de mentionner que les salariés du privé bénéficient pour 75 % d’entre eux d’accords d’entreprises et des mutuelles pour la prise en charge en totalité de ces journées de carence ? Ce qui est interdit pour l’instant dans la Fonction Publique, le nouveau ministre conseillant aux employés du public de souscrire à leurs frais à une assurance individuelle ….
– comment ne pas voir que la dégradation des conditions de travail et de salaires des fonctionnaires fait que les métiers de la Fonction Publique et plus particulièrement de l’Education Nationale peinent à recruter ? En l’espace de 20 ans, les fonctionnaires ont perdu en moyenne 23 % de leur pouvoir d’achat. Ajouter au gel du point d’indice la suppression de la GIPA (voir autre article) et l’augmentation du nombre de jours de carence ne va pas rendre attractive la Fonction Publique, bien au contraire !
– comment ne pas lier les absences des fonctionnaires (et pas l’absentéisme*) aux conditions mêmes de leur travail ? Les fonctionnaires sont plus exposés que les travailleurs du secteur privé car davantage en contact direct avec les habitants. Ils sont également de plus en plus victimes d’incivilités et d’actes de violence pouvant les conduire à s’arrêter. Au lieu de s’attaquer aux racines du mal, le gouvernement préfère punir une 2ème fois les fonctionnaires, et les pousser à venir travailler même malades, même encore sous le coup d’une agression.
Le nouveau ministre de la Fonction Publique parle de décisions courageuses à prendre, de discours de vérité à avoir. Le courage et la vérité, ce serait d’arrêter les discours populistes visant à désigner les fonctionnaires comme responsables du déficit creusé par les cadeaux donnés aux plus riches. Le courage et la vérité, ce serait de donner enfin aux agents de la Fonction Publique les moyens de remplir leurs missions au service des habitants, sur l’ensemble du territoire.
Suite aux annonces de mesures régressives pour les fonctionnaires (jour de carence, suppression de la GIPA, plafonnement à 90% du taux de remplacement en cas d’arrêt maladie….) l’intersyndicale de l’EN a demandé une rencontre avec le ministre Kasbarian. Celui-ci recevra l’intersyndicale le jeudi 7 novembre après-midi, ce sera l’occasion pour les OS de faire remonter les attentes des collègues voire la mise en œuvre d’une riposte à ces projets.
Bureau national
Bobigny, le 29 octobre 2024
* l’absentéisme laisserait à penser qu’il s’agit d’absences non justifiées. Or, une absence injustifiée relèverait de l’abandon de poste, susceptible de faire perdre son emploi.