A l’impossible, les chefs d’établissement seraient-ils tenus ?

Nous sommes le 12 juillet, les établissements scolaires ferment au public après les résultats des examens et les inscriptions pour l’année scolaire prochaine.

Le travail des chefs d’établissement ne s’arrête pourtant pas là : à eux maintenant les joies de faire les emplois du temps des classes et des professeurs, opération déterminante pour qu’une année se passe bien. Elle prend en moyenne 8 jours, mais souvent beaucoup plus, en particulier pour les lycées ou les gros collèges.

Sauf que pour la mener à bien, il faut savoir qui est nommé dans les établissements : stagiaire avec des contraintes liées aux formations (journées hebdomadaires bloquées) ? Service partagé sur plusieurs établissements mais lesquels et quand ? Ou … personne si vous faites partie des chanceux qui attendent un stagiaire qui finalement n’arrivera pas, ce que vous ne saurez pas avant le 20 juillet !

Nous sommes le 12 juillet et dans beaucoup d’établissements encore, de nombreuses heures ne sont pas attribuées ou le sont de façon « étrange » (par exemple, 2 collèges proches – moins d’1 km – ont l’un 13 h de lettres modernes et l’autre 4.5 h. On pourrait s’attendre à ce que les 2 soient réunis, surtout si la demande a été expressément faite. Quelle surprise de découvrir que chaque partie du poste est reliée chacune avec un établissement distant de 35 à 45 minutes en transport en commun …).

Les services du rectorat font ce qu’ils peuvent avec les moyens qui leur sont donnés : ils connaissent eux aussi les coupes budgétaires et ils ne peuvent pas inventer des professeurs quand il n’y a plus de candidats aux concours. Et comme ils ne peuvent affecter que sur des services complets, ils sont obligés d’additionner des « bouts de postes » (BMP = Blocs de Moyens Provisoires) pour faire des supports de 15 à 18 h, ajoutant du temps de déplacement à prendre en compte dans nos emplois du temps, au détriment du professeur (quand vous êtes contractuel en allemand affecté pour 3 h dans un collège, soit une classe, vous ne pourrez pas faire ces 3 h autrement que sur 3 demi-journées).

Au bout de la chaîne, il y a nous, principaux, proviseurs et adjoints, confrontés tous les ans à cet exercice périlleux. La différence cette année, ce sont les contraintes supplémentaires qui nous sont imposées, contre l’avis quasi-unanime des chercheurs et du Conseil Supérieur de l’Education : la mise en barrette des heures de français et de mathématiques pour faire des groupes dont plus personne ne sait à quoi ils doivent ressembler, ni à quoi ils vont servir, si ce n’est satisfaire l’égo d’un éphémère ministre de l’Education.

Devons-nous nous épuiser pour accomplir une tâche qui ne fait plus sens et dont il y a fort à parier qu’elle sera jetée aux oubliettes dès la rentrée prochaine ?

Pour le snU.pden-FSU, la réponse est non !

Nous en appelons à l’autonomie des établissements pour la mise en place des dispositifs que les chefs et les équipes jugeront adaptés à leurs besoins.

Nous exigeons dès à présent la suppression du « choc des savoirs » contestable sur le fond, impossible à mettre en œuvre sur le terrain.

Nous demandons une revalorisation générale des métiers de l’Education, enseignants, personnels administratifs, de vie scolaire et de direction pour qu’ils redeviennent attractifs. Cela passe par une augmentation des salaires (sans passer par des primes ou le RIFSEEP), une augmentation du taux de passage à la hors-classe à 30 % pour les perdir et une amélioration des conditions de travail.