Protocole sanitaire « nouveau » et « renforcé » ?

L’Éducation Nationale institue la souffrance au travail de ses personnels

Tous les personnels de l’Éducation Nationale sont méprisés :

Depuis bientôt un an, les personnels de direction se démènent pour assurer au mieux pour la sécurité sanitaire des élèves et des personnels !

Ils n’en peuvent plus et ça se ressent dans l’ensemble des établissements.

Les médias nous informent avant que les circulaires, souvent bâties sans cohérence, par la hiérarchie intermédiaire, sèment encore plus le trouble, qu’elles ne servent d’appui pour le fonctionnement. L’inégalité générale à l’échelle du territoire est maintenant devenue la règle.

L’inégalité au cœur du projet de loi 4D (cf nos publications précédentes).

Sous couvert d’autonomie et de « décentralisation », l’état (s’il existe encore) se décharge sur les collectivités pour la mise en œuvre d’un protocole soi-disant nouveau et renforcé.

Que dit le Ministre ? Au-delà de mots, il convient de souligner qu’il termine presque systématiquement ses phrases par « là où c’est possible », ou « quand les conditions le permettent » ou encore pire : « pour les établissements qui le souhaitent » ! Imagine-t-on une circulaire ministérielle digne de ce nom qui utiliserait ces expressions ? Le ou la chef-fe d’établissement voit sa responsabilité lourdement engagée. Les collectivités territoriales également, bien qu’elles ne semblent pas encore mesurer ce qui risque de se passer.

De quoi s’agit-il en fait ?

Aucun renforcement du protocole n’est prévu dans les écoles et établissements, si ce n’est la préconisation de mesures « plus strictes » notamment sur le non-brassage des groupes pour le temps de cantine, alors même que le manque de remplaçant-es entraîne un brassage fréquent dans de nombreuses classes, ainsi que l’arrêt préjudiciable pour les jeunes des activités physiques et sportives en milieu fermé alors que les pratiques sont jugées essentielles pour leur santé.

La médecine scolaire et les infirmières sont promises à un départ imminent de l’Éducation Nationale, au moment même où elles sont indispensables, encore plus qu’elles ne l’ont toujours été.

Les 2 modifications de ce « renforcement » sont inenvisageables (sur la durée) pour l’EPS, et tout simplement, pour la restauration scolaire.

L’EPS :

Si on peut prévoir une séance en classe sur un rappel des fondamentaux de l’EPS, ce que les enseignants d’EPS font toujours en début d’année, si on peut aborder des éléments supplémentaires, que ce soit sur la sécurité ou les règles d’une activité collective, cela ne saurait s’envisager sur le long terme. En revanche, si on écoute le ministre[1] qui pense sa solution viable, rappelons que nous ne sommes pas sous les tropiques, que nous sommes en hiver, qu’il fait froid et qu’il pleut, qu’il vente et même qu’il neige…

En clair, faire une séquence d’EPS en extérieur en ce moment sans passer, après, par la case vestiaires, puisque cela est interdit, relève de l’inenvisageable !

La restauration scolaire :

Suivant la taille des établissements, en respectant les consignes à la lettre, un collègue, principal de collège 700 (ne parlons pas de lycées avec plusieurs milliers d’élèves), a compté que l’élargissement de la pause « méridienne » doit aller de 10 h 30 à 15 h…. Il faut donc revoir entièrement les emplois du temps et supprimer totalement des enseignements.

Certains de nos collègues prennent des photos de toutes les tables à chaque service pour être en mesure d’identifier les cas « contacts » si un élève est atteint par la covid 19 ou une des maladies dues aux variantes du coronavirus…

Cerise sur le gâteau :

La Rectrice de l’académie de Poitiers vient d’envoyer une circulaire aux établissements en soulignant « qu’il y avait trop de signalements RSST ».

Explication : tout personnel, quel qu’il soit, DOIT, s’il estime qu’une situation comporte un danger, rédiger ou remplir une fiche qu’il insère dans le Registre de la Santé et de la Sécurité au Travail (RSST). C’est la loi.

En clair que dit donc cette Rectrice ? : si vous considérez qu’il y a danger, taisez-vous ! et ne respectez pas la loi. Le « pas de vagues » dans toute son expression !

En résumé la situation est grave, tout le monde le sait. De quoi demain sera fait ? Personne ne le sait !

Ce qui est certain c’est que le sentiment de mépris, d’infantilisation s’amplifie, particulièrement chez les personnels de direction (mais pas que…). Dans les couloirs, quand on est en confiance avec nos collègues, nos collaborateurs, on discute de l’institution. Et voilà ce qui se dit : qu’elle ne prend pas soin des personnels, qu’elle fait du mal, en somme, qu’elle génère de la souffrance au travail. Que les arrêts de travail ne sont pas des situations de fuite, mais parfois, tout simplement, une manière de sauver sa peau. Que tout ceci est bien entendu une question de « management »… Il est grandement temps d’en prendre conscience Monsieur le Ministre.

Bobigny, Le 21 janvier 2021,

Le bureau national du snU.pden


[1] il est vrai qu’il s’adonne à ses moments perdus (tiens, il en a ?) à un peu d’escalade…