Cette rentrée scolaire 2020 est marquée dans le domaine de l’éducation par trois caractéristiques :
- Un discours ministériel détaché de la réalité des écoles et des établissements vécue par les élèves, les familles et les personnels ;
- Une absence de moyens pour permettre de s’adapter au contexte sanitaire et à ses conséquences ;
- Un renforcement des inégalités sociales et scolaires.
SI les scientifiques apprennent tous les jours à mieux connaître la Covid-19 chacun, et le gouvernement en premier lieu, était en capacité d’anticiper les mesures à prendre pour compenser ses effets dans les écoles et établissements d’enseignement. Tel n’a pas été le cas de notre gouvernement. ;
18 000 élèves de plus en collège à cette rentrée,
Un contexte d’emploi des jeunes particulièrement dégradé,
Des conditions sanitaires qui entraînent, à juste raison, des aménagements des temps d’accueil, de restauration ainsi que des déplacements d’élèves en horaires décalés.
L’énoncé de ces trois éléments factuels, aurait dû entraîner la création de milliers d’emplois d’assistants d’éducation pour renforcer les moyens de surveillance. Mais seuls quatre-vingts équivalents temps plein d’assistant d’éducation ont été déployés en moyens complémentaires dans le second degré pour l’ensemble du territoire français. Une goutte d’eau qui a eu pour principal effet de permettre une communication ministérielle construite sur de l’autosatisfaction, bien éloignée des difficultés vécues dans les établissements.
Pas d’embauches prévues
Concernant les moyens d’enseignants, ce sont également des milliers d’emplois qui auraient été nécessaires pour permettre l’accueil de tous les lycéens et étudiants, l’allègement des effectifs des classes, pour permettre d’accompagner les élèves fragilisés par les conditions de la seconde partie de l’année scolaire 2019-2020. Dans ce domaine non plus, le gouvernement n’a pas répondu aux attentes. Alors que 350 postes, pourtant inscrits au budget 2020, avaient été mis en réserve, seules des heures supplémentaires sont venues abonder les moyens d’enseignement. Ce ne sont pas des heures supplémentaires qui permettront de remplacer les enseignants absents, ce ne sont pas des heures supplémentaires qui permettront d’alléger les effectifs de classes surchargées ni de rattraper la situation particulière du second trimestre 2020. L’Italie par exemple a créé 50 000 postes, ce n’a pas été le choix de notre gouvernement.
Le constat est identique pour les emplois de personnels de direction, emplois des personnels de santé et du social, C.P.E, psychologie de l’Éducation Nationale,… Aucune création d’emploi.
Par-delà le contexte sanitaire, les réformes qui renforcent les inégalités sociales se poursuivent. Quatre exemples :
- Première illustration : la réforme du lycée et du baccalauréat général, avec un nouveau recul du cadre national de l’examen et le renforcement de sa valeur locale, par le passage des « épreuves communes de contrôle continu (E3C) » aux « Évaluations communes (EC)». De fait cela renforcera la mise en concurrence des lycées.
- Seconde illustration : la diminution des heures d’enseignement en lycée professionnel, restreignant l’accès des jeunes à une culture émancipatrice. La conception politique de la formation du jeune travailleur est limpide. Donner à l’entreprise une main d’œuvre formée et docile.
- Troisième illustration : parcours sup, processus de sélection des étudiants dont les premières analyses montrent que le dispositif accroît la sélection sociale.
- Dernière illustration : La centration à l’école et au collège sur les apprentissages « soi-disant fondamentaux » créant ainsi une école à deux vitesses : ouverte sur la culture pour les mieux dotés et refermée sur une conception rétrograde des apprentissages du : « lire, écrire, compter et respecter autrui » pour les élèves plus en difficulté. Nous retrouvons ici la même orientation politique que celle rapidement définie pour l’enseignement professionnel.
Bien d’autres points auraient pu être abordés l’apprentissage, le renforcement de la mise en concurrence des établissements par les procédures d’évaluation, l’abandon du paritarisme renforçant l’opacité et les traitements inégalitaires au sein de la Fonction Publique, la territorialisation des enseignements, etc, etc.
Tous ces points auraient renforcé notre constat initial : une politique gouvernementale qui affaiblit le Service Public de l’Education Nationale, ce qui a pour conséquence d’accroître les inégalités sociales.
La revalorisation du traitement indemnitaire envisagé pour les personnels de direction ne peut suffire pour nous faire accepter cet état de fait. Si la revalorisation de nos traitements est certes nécessaire, elle n’est pas suffisante pour nous faire accepter une politique néfaste pour l’Éducation Nationale.
De plus, une véritable revalorisation du traitement des personnels de direction devrait d’abord entraîner le déblocage de la valeur point d’indice et un rééchelonnement à la hausse de la grille indiciaire des personnels de direction, seules mesures qui garantiraient une revalorisation équitable pour tous. Tel ne semble pas être le cas.
Le snU.pden-FSU, avec vous, œuvrera pour que cette politique qui rend plus inégalitaire les parcours scolaires, qui dégrade les conditions d’enseignement, et plus généralement les conditions de travail, cesse.
Nous devons créer de nouvelles perspectives pour rendre le système plus juste, plus équitable, pour enfin lutter réellement, alors que la politique de l’éducation prioritaire va être remise à l’ordre du jour, contre les effets des inégalités sociales au sein de notre système éducatif. De nouvelles perspectives pour améliorer nos conditions de travail, pour significativement améliorer les rémunérations de chaque personnel de direction, pour redonner toute sa place au paritarisme sont indispensables.
Le monde d’après n’aurait-ce pas dû être cela et ce quoi qu’il en coûte ?
Bobigny, le 22 septembre 2020
Igor Garncarzyk, Secrétaire national