LE PROJET DE LOI DE L’ECOLE DE LA CONFIANCE DE J.M BLANQUER

Une copie à revoir

Ainsi donc le ministre Blanquer invente la nouvelle École ! Sans doute… Celle de tous les dangers et de tous les reculs ! Quelques articles de cette loi, au moins, méritent de s’y arrêter.

De la leçon ministérielle….

L’article 1, sensé en résumer l’objet, met en avant des notions comme :

  • « L’exemplarité des personnels » y compris en dehors du service. Jusqu’où celle-ci doit-elle aller ? Jusqu’à la vassalité ?  La loi du 13/07/83 ne prévoit pas de « devoir de réserve », mais « la discrétion, le secret professionnel » entre autres, auxquels se sont ajoutés « l’obligation de neutralité et de respect de la laïcité » en 2016.  Ces lois seraient-elles trop « ancien monde » aux yeux du ministre ? Peut-on se réjouir de voir les personnels encouragés au silence ? Citoyens, ils ont le droit de porter un regard critique sur l’Ecole.
  • La présence de l’emblème national, du drapeau européen, des paroles de l’hymne national, de la carte de France et de ses territoires d’outre-mer. Cette insistance pourrait inquiéter et raviver quelques sentiments dont l’excès d’affirmation patriotique est loin de la nécessaire défense des valeurs fondatrices de la République qui, elles, sont réellement fondamentales. Que cela signifie-t-il vraiment ? un retour à la notion de morale nationale? Il est extrêmement important d’analyser ces rappels parfois chargés d’un sentiment très… National.

L’article 23 de la loi de 1983 ne suffisait-il pas à insister sur les signes et valeurs de notre République ?

À une nouvelle structuration du système scolaire :

L’article 5 concerne la création des « Etablissements Publics Locaux des Savoirs fondamentaux » ou EPSF.

Ceux-ci rassembleraient dans une même structure (sur le modèle de la majorité des établissements Français de l’étranger), les actuels écoles maternelles, élémentaires, et le premier cycle du second degré (les collèges) d’aujourd’hui.

Comment au-delà des questions d’identité, et de fonctionnement notamment en ce qui concerne les personnels et de contenu pédagogique, imaginer la création de telles structures sur l’ensemble du territoire national ? Ce qui, structurellement pourrait s’envisager en milieu (très) urbain, devient simplement irréalisable en secteur rural avec des écoles isolées les unes des autres et dispersées sur le territoire.

L’article 6 annonce la création des « Etablissements Publics d’Enseignement International » qui se situent entre les Ecoles Internationales et les Ecoles Européennes d’aujourd’hui, dont les missions et les règles sont loin des EPLE que nous connaissons et qui ne concernent évidemment pas l’ensemble de la population scolaire. Leur structure, leur localisation, les membres de leur Conseil d’Administration n’en garantissent ni le fonctionnement démocratique ni le caractère national de l’Education. A l’inverse, ils induisent une inégalité forte en matière d’éducation. De plus, leur organisation pédagogique fait table rase des fonctionnements pédagogiques actuels en vigueur dans nos EPLE.

La gestion « optimisée » des moyens devient évidente. Leur mutualisation a rarement été accompagnée d’un accroissement de la qualité des contenus d’enseignements, de la qualité de travail des personnels et de l’amélioration des conditions d’apprentissage des élèves.

Ainsi, si cette loi était adoptée, elle créerait  une École à plusieurs vitesses signifiant  l’effacement de l’École pour tous. Cela n’a plus rien à voir avec l’égalité des chances ! ce qui est annoncé n’est PAS l’ECOLE DE LA RÉPUBLIQUE !

Enfin l’article 14, sous couvert d’une « amélioration » des statuts des AED, ne vise, ni plus ni moins qu’à instaurer officiellement un remplacement des enseignants à bas coût, pour ne pas dire à coups bas… On leur confierait ainsi « progressivement des fonctions pédagogiques d’enseignement ou d’éducation » pour leur permettre d’accéder aux corps des personnels enseignants ou d’éducation…

En clair et pour résumer, dans ce texte, nous sommes loin d’une amélioration de l’École mais bel et bien dans la déstructuration totale de notre système éducatif.  Cela va bien au-delà de la seule remise en cause des statuts des personnels, dont, bien sûr, il faut se préoccuper, mais ce dont il est question ici dans ce texte

Bref, s’agit-il d’une réforme en profondeur du système éducatif de de son fonctionnement ? OUI

S’agit-il d’en améliorer la qualité pour les élèves et les personnels ? NON trois fois NON !

Le snU.pden FSU ne se satisfait pas de ce projet de loi et demande son retrait ainsi qu’une véritable réflexion sur l’Ecole à mettre en place pour les années à venir.

Paris, le 10 avril 2019

Le bureau national