Fin d’année scolaire oblige, c’est aussi pour nous l’heure de tirer le bilan de cette année scolaire. Jean-Michel Blanquer a scrupuleusement suivi son plan d’attaque de l’Ecole publique : poursuite de la Réforme du lycée d’enseignement général et technologique, mise en œuvre de la Réforme des lycées professionnels, réforme de l’apprentissage.
Opposé au dialogue social, il a maintenu envers et contre tout le bras de fer avec les enseignants du second degré, ce qui a conduit bon nombre d’entre eux à rendre les notes des copies de bac au-delà des délais demandés par l’Education Nationale. Cruel dilemme pour les professeurs poussés dans leurs retranchements par un Ministre plus soucieux de répondre aux critères de la Cour des Comptes qu’aux intérêts pédagogiques.
Bien pire que son mépris pour les instances de dialogue, le ministre de l’Education Nationale semble tout organiser pour faire imploser le système scolaire :
- La mise en œuvre de la Réforme du lycée d’enseignement général et technologique repose sur le postulat du libre choix des enseignements de spécialité des élèves de seconde. Compte-tenu du nombre de combinaisons possibles, le levier visant à la réussite de cette réforme ne repose pas sur le génie mathématique des équipes de direction mais plutôt sur la non prise en compte des vœux personnels des enseignants. Qui peut prétendre que ces personnels, qui éprouvent déjà un sentiment profond de déclassement social et financier, prendront avec le sourire la gifle promise de leur emploi du temps de la pré-rentrée ?
- Le report du DNB de cette année n’acte pas simplement les changements climatiques que nous connaissons. En permettant aux parents d’élèves qui brandiront leur billet de train ou d’avion, il entérine l’idée que le calendrier scolaire ne repose pas sur 36 semaines, du moins pour une certaine catégorie socio-professionnelle. Ceux qui n’ont pas les moyens de partir en vacances apprécieront les dérogations accordées a priori par monsieur le Ministre.
Cette politique destructrice des institutions républicaines repose sur :
- La volonté de faire des économies
- L’individualisme grandissant dans notre société
- La raison donnée au consumérisme
- L’acceptation du fait que l’Education devient une marchandise comme les autres et qu’il faudra mettre la main au porte-monnaie. Tant pis pour les pauvres.
- Des éléments de langage qui prennent à contrepied les valeurs auxquelles nous croyons tous, au point de vider les mots de leur substance : « bienveillance », « école de la confiance »
- Des abus de langage du président de la République lui-même, qui évoque une « prise d’otages » des familles pour évoquer la rétention des notes par les professeurs
Plus inquiétant pour notre démocratie, est la volonté affichée du pouvoir politique de passer en force. Les exemples de cet hiver et l’usage disproportionné de la force en constituent un exemple flagrant. Le recours à des sophismes, pour ne pas dire des ordres illégaux pour faire en sorte que les résultats du bac sortent coûte que coûte le 5 juillet, quitte à mettre les chefs d’établissement, les familles et les élèves en déroute, constitue à ce titre un acte historique.
Cette violence n’est pas digne de notre République ; elle attend des réponses humanistes et engagées, aux défis face auxquels nous devons agir ensemble.
Paris le 12 juillet 2019
Samuel LAUTRU
Secrétaire général adjoint du snU.pden-FSU