De la dystopie aux matins bruns

En 2020, le covid nous a frappé de plein fouet ; pendant les différents confinements, nous avons appris à nos dépens qu’une dystopie pouvait finalement être bien réelle. Les confinements passés, nous avons hâtivement pensé que cette impression de vivre dans une réalité parallèle était derrière nous.

Or, il n’en est rien.

Cet été, nous avons appris à nos dépens qu’un chef d’établissement pouvait mourir dans son collège en plein milieu des vacances Une nouvelle fois, nous saluons la mémoire de Stéphane Vitel.

Tout récemment, nous avons appris que l’expérimentation des uniformes était censée amener de la justice sociale à l’École. Que dire, si ce n’est que cette mesure ne fera que masquer les inégalités sans les réduire et que des mesures ambitieuses sont attendues. Mais certainement pas de cette nature.

Nous avons également compris :

  • que la réforme annoncée du collège, avec des groupes de niveau, était prévue sans moyens complémentaires. Ce ne sont pas les mesures annoncées lors du CSA MEN du 21 décembre qui vont nous rassurer : certes un abondement de 2300 ETP mais leur mise en perspective avec la réalité de la structuration des collèges et des emplois du temps nous amène à penser que ce nombre est largement sous-évalué.
  • qu’il nous faudra être devant nos écrans le mardi 9 janvier 2024, entre 11h et 13 h pour entendre la bonne parole, en espérant que cette parole soit suivie de textes réglementaires cette fois (on attend toujours ceux sur le RCD qu’il a présenté lors de la dernière visio comme obligatoire pour tout professeur prenant un pacte). Un ministre qui parle à ses chefs d’établissement tous réunis derrière leurs écrans, quelle communication… On préférerait que le Ministère puisse permettre aux Écoles de France de fonctionner dignement, que l’autonomie des établissements si longtemps vantée soit a minima respectée, avec de réelles marges de manœuvre. On sait d’avance ce qu’il en est. Le budget de l’Éducation Nationale a été voté. Inutile de raconter des salades.

Sinistre 19 décembre

Que dire enfin de la loi immigration votée le 19 décembre et qui donne la nausée. Nous revendiquons l’idée qu’il faut réaffirmer :

  • Les droits égaux des enfants de toutes origines sans distinction ni préférences nationales à une éducation, une orientation, des droits égaux des enfants à bénéficier des fonds sociaux, à bénéficier d’aides aux voyages, aux dispositifs d’accompagnement, à l’aide à la scolarité de l’École de la République.
  • Que dire, sinon que nous souhaitons garantir l’accès à l’emploi sans obscures conditions d’origine ni de préférences nationales à ceux, celles, qui pourraient candidater à des postes d’AESH, d’AED ou de contractuels et faire l’objet d’entretiens.

Nous vivons des jours obscurs. Le 20 décembre était un matin brun. L’histoire s’en souviendra.

Vous qui nous lisez, vous n’êtes sans doute pas syndiqués chez nous. Nous respectons vos choix, votre liberté de conscience. Nous serons présents dans les luttes, elles seront nombreuses, nous n’en doutons pas.

Il nous revient aussi de vous dire que le militantisme ne se décrète pas. Il se vit au quotidien. Soyons honnêtes : nous avons besoin de vous, pour militer, proposer de nouvelles idées, échanger avec nos hiérarchies, les mettre également face à leurs contradictions. Être dans l’accompagnement individuel, faire réseau. Pour y parvenir, c’est vous qui nous choisissez, aussi pour les valeurs que nous défendons.

Très prochainement, nos adhérents recevront une enquête flash à compléter. Nous comptons sur vous pour nous aider à collecter des données. Elles seront très utiles pour vous aider et vous accompagner.

Bonnes fêtes de fin d’année à tous et à toutes. Que vivent l’Éducation Nationale, la République et les principes constitutionnels…

Igor Garncarzyk

Secrétaire général