Passer à un moment de sa vie un concours peut être un choix que l’on regrette quelques années après, au regard de l’évolution de ses conditions de travail, de l’évolution (ou plutôt du blocage) de sa carrière, ou tout simplement pour des raisons personnelles.
Ce souhait de changer, parfois pour retourner dans son ancienne profession, il ne se fait pas de gaité de cœur, ni sur un coup de tête. La Fonction Publique a prévu pour cela le détachement. Il nécessite
une procédure longue, reposant sur plusieurs avis d’experts, il laisse un à trois ans pour prendre sa décision une fois qu’il est accepté. Bref, il laisse le temps de bien réfléchir.
C’est dans ce processus que se sont engagés plusieurs personnels de direction qui ont voulu redevenir enseignants avec l’accord de leurs rectorats, et qui viennent d’apprendre que le ministère leur refusait cette possibilité, avec pour seule explication « absence de comparabilité entre les corps d’origine et d’accueil ».
Le Ministère se rend-il compte de la violence de cette réponse lapidaire, la même pour toutes et tous, alors qu’elle s’applique à des motivations très différentes et qu’il faudrait apporter une réponse au cas par cas ?
Que cherche le Ministère en maintenant de force sur un emploi des personnels qui n’ont plus l’envie de l’exercer et qui l’ont clairement exprimé ? Ou qui constatent qu’ils y perdent très fortement (un agrégé ou un PE / certifié classe exceptionnelle devenu PERDIR peut perdre au moins 600 euros par mois au moment de la retraite) ?
On marche sur la tête ! Y a-t-il un DRH dans l’Education Nationale ?
La QVT (Qualité de Vie au Travail) ne doit pas être un slogan vidé de sens !
Au lieu de s’inquiéter de la baisse dramatique du nombre de candidats aux concours de recrutement, y compris chez les chefs d’établissement, et d’y répondre par de véritables solutions (comme l’augmentation des salaires, la réflexion sur les missions à prioriser et sur le temps de travail, ou encore l’amélioration des conditions de travail), le Ministère choisit de saborder l’Education Nationale en baissant le niveau de recrutement, en « chargeant la mule » et, maintenant, en voulant enfermer ses personnels dans une cage même pas dorée.
Tenter de masquer la crise de recrutement par des mesures iniques ?
Irresponsable et contre-productif !
Car au-delà de l’absurdité du choix stratégique, il y a une réalité grave : ce type de décision engage la responsabilité de ceux qui la prennent. Maintenir de force des personnels dans un poste qu’ils ne souhaitent plus exercer, c’est les exposer à des risques bien documentés : épuisement professionnel, burn-out, arrêts de travail répétés, voire conduites suicidaires. C’est non seulement méconnaître les fondements du droit à la santé au travail, mais c’est aussi prendre le risque de provoquer des drames. La santé psychique et physique des personnels de direction n’est pas une variable d’ajustement.
Le refus des demandes de disponibilité, des temps partiels et des démissions ? Qui voudra encore rejoindre la Fonction Publique et l’Education Nationale dans ces conditions ?
Ce qui se passe cette année, est un ballon d’essai. Ne laissons pas faire !