Comité Social Ministériel : la formation des personnels de direction en question

Un projet d’arrêté portant sur la formation des personnels de direction a été présenté au CSA MEN du 6 mai 2025. Cet arrête a été dupliqué pour la formation des inspecteurs.

Le snU.pden-FSU a émis plusieurs remarques à ce propos et soumis deux amendements.

Les principales observations ont été les suivantes :

  • Ce nouveau schéma de la formation des cadres, personnels de direction et des inspecteurs et inspectrices marque une nouvelle régression de l’accompagnement des personnels de direction et inspecteurs au développement de nouvelles compétences. En effet, en quinze ans, le temps de formation initiale a été divisé par quatre. Rappelons qu’il fut une époque à laquelle les nouveaux personnels de direction bénéficiaient de six mois de formation sans affectation en EPLE.
  • Parallèlement, le nombre de situations de jeunes collègues en difficulté, voire en épuisement professionnel, s’est multiplié. L’année de stage est particulièrement éprouvante du fait du double objectif : se former et être immédiatement efficace dans sa fonction. La tâche est toute aussi lourde pour les chefs d’établissement d’accueil qui doivent compenser les absences liées à la formation du chef adjoint.
  • Le parcours hybride et le nombre d’heures de formation statutaire constituent un appauvrissement de la formation. Globalement, moins de 10% du temps de travail est désormais consacré à la formation statutaire. Il est temps de revenir à une formation initiale et continue des inspecteurs et des personnels de direction qui ne peut consister en une « adaptation à l’emploi », individualisée et externalisée, mais en un parcours de formation qui permet la construction de compétences professionnelles spécifiques. Être inspecteur, être personnel de direction, ce sont des métiers et non uniquement des emplois. 
  • Dans les textes qui nous sont proposés, la distinction entre formation statutaire pendant l’année de stage et la formation continuée, qui par nature ne pourra plus être obligatoire, peut conduire à court terme à la disparition de cette dernière.
  • Sous couvert de personnalisation du parcours, la décentralisation d’une partie de la formation en académie peut faire craindre une « coloration » en fonction des besoins en académie. Or c’est la mise en place des compétences métier de base qui est prioritaire en début d’une nouvelle carrière, d’autant que ce parcours personnalisé initial n’aura peut-être pas grande utilité pour les affectations suivantes du stagiaire. 
  • Enfin il manque le stagiaire lui-même dans la conception de son parcours de formation. La définition de besoins de formation après la titularisation fragilise la période d’entrée dans le métier. 

Nous concluions sur le constat que ce nouveau texte ne va pas dans le sens d’un renforcement de l’accompagnement à l’exercice de fonctions qui sont de plus en plus complexes.

Les deux amendements déposés avaient pour objectifs réalistes :

  • Pour le premier, en supprimant l’adjectif « renforcé » dans l’expression « pilotage renforcé du système éducatif » de ramener l’objectif de la formation initiale à ce qu’elle doit être, c’est -à-dire permettre l’acquisition des connaissances et compétences nécessaires au pilotage du système éducatif. L’adjectif « renforcé » renvoie à de l’injonction, au dépassement des exigences imposées par les textes réglementaires, à la considération de l’encadrement comme simples agents d’exécution, à une conception du pilotage qui consiste en l’application d’instructions sans l’autonomie indispensable au bon fonctionnement du système. De Cela, nous n’en voulons pas.
    Le Ministère a refusé de prendre l’amendement, avec le soutien de plusieurs organisations syndicales qui ont accepté les orientations induites par la terminologie « pilotage renforcé ». Nous ne pouvons que le regretter pour l’Éducation Nationale et pour nos collègues qui entreront en formation.
  • Concernant notre second amendement (ajouter « après échange avec le stagiaire concerné » en fin de phrase, après « Le stagiaire bénéficie d’un parcours de formation statutaire personnalisé arrêté par le recteur, sur proposition du délégué académique ou régional académique à la formation des personnels d’encadrement. »), nous ne pouvons concevoir que le stagiaire ne soit pas impliqué dans l’élaboration de son plan de formation.
  • Cet amendement a été intégré par l’administration, ce dont profiteront nos collègues en formation initiale.

Une remarque terminale : il est regrettable que les organisations qui se targuent de participer régulièrement, notamment dans le cadre du GNPD, à la préparation des textes avec le Ministère, n’aient pas été en mesure d’apporter les correctifs nécessaires à l’arrêté présenté préalablement à sa présentation en CSA MEN. Sans doute le mode de pilotage « renforcé » du ministère et la non-implication des stagiaires dans l’élaboration du plan personnalisé de formation leur convenaient-ils !