Violences sexuelles et de genre : la politique éducative de la couardise

Tolérer les atteintes aux lois protectrices de la République, fermer les yeux sur les délits et exposer les victimes : il serait dommage de constater que tel serait le cap suivi par le Ministère de l’Education Nationale.

Dans un contexte où l’affaire Notre-Dame de Bétharram met en lumière des manquements significatifs dans le contrôle de certains établissements privés sous contrat sur les violences sexistes et sexuelles, les priorités semblent plutôt de faire diversion et allumer des contre-feux sur le thème des violences à l’école et de la stigmatisation sécuritaire des établissements publics.

Sous couvert de protéger le privé, l’impunité semble acquise à ces établissements défaillants tandis que les questions liées aux violences sexistes et sexuelles sont abordées avec pusillanimité, voire tout simplement passées sous silence lorsqu’il s’agit des violences de genre. 

Le contrôle du privé sous contrat : entre tolérance et protection ?

Les procédures de contrôle des établissements privés sous contrat ont été largement mises en cause pour leur manque de rigueur et de transparence. La Cour des comptes a souligné en 2023 que les contrôles étaient rares et souvent superficiels, ne permettant pas de détecter ou de prévenir efficacement les abus.

Dans le cas de Bétharram, la réaction de l’Etat se fait attendre. L’inspection générale n’a pas été diligentée par le ministère Borne pour examiner 30 ans de dysfonctionnements, et la ministre se contente d’attendre un rapport de l’inspection régionale. L’indulgence devient plénière quand on ajoute que l’établissement a été prévenu à l’avance de la date de son contrôle, le 17 mars. Une bienveillance que l’on ne retrouve pas dans les écoles musulmanes, où les contrôles sont inopinés et souvent accompagnés de forces de l’ordre. Le laisser-aller en faveur de Bétharram est édifiant.

On se souvient de la position publiquement assumée par Caroline Pascal, ancienne cheffe de l’Inspection générale et actuelle directrice de l’enseignement scolaire, face aux dérives du collège Stanislas. Bien que le rapport d’inspection de ses propres services ait révélé des pratiques sexistes, homophobes et contraires aux obligations éducatives, elle avait minimisé ces conclusions en défendant l’établissement et en affirmant ne pas avoir trouvé d’éléments caractérisés de discrimination. Elle avait également soutenu que l’éducation religieuse obligatoire était une violation de la loi Debré, mais que l’établissement devait simplement se « mettre en conformité ».

Outre les largesses de l’Etat en faveur du privé, l’institution paraît encline à fermer les yeux sur d’éventuelles dérives sexistes, homophobes et d’atteinte à la liberté de conscience de ces établissements « modèles ». Le régime d’exception qu’ils s’accordent semble très libéralement toléré, si ce n’est protégé.

EVARS : entre compromissions et absence d’engagement

Ce peu de conviction dans ce que l’Etat devrait pourtant défendre avec vigueur apparaît comme un triste marqueur politique.

Quoi d’étonnant en effet dans les accommodements frileux face aux attaques conservatrices sur l’EVARS ? Dans un contexte où s’imposent des figures du pouvoir issues des rangs de la Manif pour tous, le ministère a montré sa faiblesse quand il fallait s’affirmer devant les pressions des associations religieuses traditionnalistes qui fustigeaient une promotion de la théorie du genre et une « sexualisation précoce des enfants ». Il a fallu la ténacité des organisations syndicales pour en imposer le programme au CSE.

Quel sera le soutien institutionnel aux établissements face aux pressions locales de la part de parents ou d’élus hostiles à ces enseignements ? La frilosité du ministère laisse mal augurer de la généralisation effective de l’EVARS, et les conséquences en sont préoccupantes : méconnaissance des notions de consentement chez les élèves, persistance des violences sexistes et sexuelles à l’école, et recul des avancées en matière d’éducation à l’égalité.

Renoncement sur les violences de genre

La ministre enfonce le clou lorsqu’elle enterre un rapport sur les violences et cyberviolences de genre et l’orientation sexuelle à l’école.

Le rapport « (Cyber)violences de genre chez les jeunes de 11 à 18 ans », commandé sous le mandat de Pap Ndiaye met en lumière l’ampleur des violences de genre et des cyberviolences dans les établissements scolaires français. Il révèle que 43 % des élèves ont été victimes de violences sexuelles, avec une surreprésentation des filles et des élèves LGBTQIA+. Alors que sa publication était initialement prévue pour avril, le ministère de l’Éducation nationale a choisi de la repousser à fin 2025. Censure prudente dans le contexte politique sensible de Bétharram. Mais au détriment de la prévention, de l’action éducative et surtout des victimes…

Préférant communiquer sur la fouille des sacs des collégiens, jouant sur une fibre sécuritaire en phase avec le masculinisme ambiant, Elisabeth Borne fait la preuve que le discours autoritariste fait finalement assez bon ménage avec le plus pleutre renoncement.