Elisabeth Borne entend se démarquer, nous dit-elle, par la fidélité à une méthode : celle du diagnostic partagé. On n’insistera pas sur le fait qu’on est un peu surpris de découvrir cette « méthode Borne » qu’on n’a pas beaucoup vue à l’œuvre lors de la séquence de la réforme des retraites.
Avec ce sage discours, la nouvelle ministre de l’Education nationale veut mettre en avant une rupture avec la posture agitée de Gabriel Attal. Sauf que la rondeur annoncée, loin de marquer une différence de méthode, a de fortes chances de n’être qu’un emballage factice pour le recyclage des mauvaises pratiques auxquelles nous sommes habitués.
Car ce « diagnostic partagé » ne peut signifier concrètement que deux choses :
- soit il se réduit au constat de pseudo-évidences tombant à point nommé pour justifier des parti-pris idéologiques ;
- soit il se construira sous la forme de quelque Nouveau Grenelle ou de Grandes Assises publicitaires, conduites à vitesse éclair – instabilité politique oblige – pour faire émerger un miraculeux consensus qui cautionnera les mêmes fortes évidences.
Quel que soit le cas de figure, les lignes sont déjà posées, avec un discours qui ne présente pas d’autre perspective que le même mélange de mantras ineptes et d’intentions creuses concernant la santé mentale, le harcèlement, les fondamentaux et l’autorité.
En guise de résultats sur tous ces points, on a pu voir les effets d’une politique qui a causé la mise en échec du système éducatif : affaiblissement de l’autorité des institutions, aggravation des fractures scolaires et sociales, dégradation de la santé mentale des élèves, désaffection des personnels, détérioration des conditions de la réussite scolaire…
La vice-championne de 49.3 et détentrice du record de motions de censure nous a montré en tout cas qu’elle s’y entend pour faire passer en force ses diagnostics si bien partagés. Le maintien forcené d’un cap désastreux vaut-il mieux que les réformes disruptives menées tambour battant ? Les différentes versions du macronisme qui se succèdent persistent, malgré de si désolants résultats, dans une politique de destruction du service public de l’éducation.
Il y a urgence à changer d’orientation pour une institution éducative ambitieuse, égalitaire et émancipatrice. Pour cela, c’est d’autre chose que d’un simulacre de « diagnostic partagé » que l’Ecole a besoin.