Une politique bien complaisante pour le privé

La guerre public – privé est-elle sur le point de se rallumer ? 75 ans après la loi Debré, l’affaire du lycée Stanislas a déjà montré toutes les dérives possibles de l’enseignement privé, pourtant sous-contrat. Depuis quelques semaines, les révélations se multiplient :

– sur le montant énorme de subventions pour des établissements qui n’en ont vraiment pas besoin, surtout lorsque l’on compare leurs équipements et leurs IPS avec les EPLE du public proches géographiquement. Une enquête de Médiapart du 24 août 2024 ajoute à ces subventions légales des subventions « facultatives » versées entre 2016 et 2023 par les régions et qui représentent un total de 1,2 milliard d’euros ;

– sur les « accommodements » avec les programmes nationaux et les directives ministérielles dénoncés encore récemment par la Cour des Comptes et le rapport parlementaire Vannier-Weissberg ;

– sur les méthodes de recrutement pouvant être qualifiées de déloyales ou d’amorales, quand le privé conditionne l’entrée d’un élève dans son établissement à l’inscription de toute sa fratrie.

Mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Non seulement le privé profite de l’argent public, mais il en profite plus que le public.

Deux exemples pour le démontrer :

– celui de la commune de Beaucamps-Ligny (59) : le budget annuel et total de ce village de 860 habitants est d’environ 500 000 euros. Mais la cité scolaire privée du même nom qui s’y est implantée et accueille 3 000 élèves tous les jours, avec les embouteillages et autres désagréments qui vont avec, réclame à la maire un forfait communal de… 100 000 euros ! C’est légal (loi Debré et loi Carle), même si les conséquences sont terribles pour les habitants de Beaucamps-Ligny et sa petite école publique.

– une enquête récente de France Info révèle que dans 19 académies sur 24, les lycées privés de même taille et de même composition sociale que des lycées publics, disposeraient de H/E plus favorables, donc de davantage d’heures de cours, leur permettant de proposer de meilleures conditions d’accueil ou une palette de formations plus attractives à leurs élèves. De l’argent public pour rendre les établissements privés encore plus concurrentiels !

A un moment où l’Education nationale peine à recruter de nouveaux enseignants et à garder ses personnels, où les bâtiments publics ne permettent pas d’assurer les missions d’accueil qui leur sont confiées (il existe encore des collèges sans ascenseur alors qu’ils n’ont pas de classes au rez-de-chaussée), le « libre choix » donné aux familles doit-il se faire au détriment des élèves du public ?

Il est temps de lever les tabous sur l’argent versé aux établissements privés et de réviser des lois qui ne sont plus adaptées à notre système éducatif actuel. C’est un combat dans lequel le snU.pden-FSU et la FSU prendront toute leur place.