Nous sommes fin août, et toujours pas de Premier Ministre, encore moins de Ministre de l’Education autre qu’une « ministre démissionnaire ».
L’impression pour nous, chefs d’établissement d’être en cette rentrée dans un avion en mode pilote automatique « circulaire de rentrée ». Sauf que ce pilote automatique ne nous mène pas dans la direction souhaitable et que le risque de s’écraser est grand.
Devant les personnels de nos établissements, qu’aurons-nous à dire ? Car en fonction des choix politiques qui seront faits prochainement, le champ des possibles est large : un gouvernement issu du Nouveau front Populaire mettra fin au « choc des savoirs », aux pactes, alors qu’un gouvernement plus « droitier » pourrait imposer le SNU et l’uniforme (coût : plusieurs milliards d’euros pris au détriment d’autres priorités).
En l’état, suite aux déclarations de N. Belloubet dans les médias et aux échos des premières réunions des cadres dans les académies :
– les textes concernant le DNB (évolution de la part du contrôle continu et obligation d’être détenteur du diplôme pour passer en lycée général et professionnels) sont gelés. S’ils ne sont pas présentés au Conseil Supérieur de l’Education d’ici la fin septembre, ils ne pourront pas être opérationnels pour la session 2025.
– les « groupes de niveau ou de besoins » seront mis en place avec « souplesse et pragmatisme ». Il faut dire que les difficultés techniques sont énormes et que le modèle qu’a voulu imposer le ministère ne correspond pas aux besoins des élèves d’un grand nombre de collèges.
– la réforme du recrutement à bac +2 et de la formation des enseignants est reportée sine die
– le SNU est maintenu malgré le peu de succès et les dérives qui ont pu être constatées dans certains centres. Malgré le coût également (2 milliards par an) alors que des économies sont demandées aux ministères.
– des expérimentations se poursuivent (avant généralisation ?) : l’uniforme à l’école (financé par les collectivités territoriales qui payent ainsi les habits des familles défavorisées et des familles aisées, tout en essayant de masquer hypocritement les inégalités sociales) et la « pause numérique » au collège (en faisant acheter des casiers aux établissements et en leur laissant gérer des situations potentiellement conflictuelles, alors que le problème du téléphone se joue hors de l’école).
– Pas un mot sur les stages en 2nde qui ont été un échec retentissant en juin 2024 : sont-ils toujours d’actualité ?
Reste aussi l’inconnue du nombre de postes d’enseignants et de chefs d’établissement qui ne seront pas pourvus à la rentrée. Car, oui, après les professeurs, les PERDIR sont également touchés par la crise de recrutement. Entre rémunération faible au regard des responsabilités et du temps effectif de travail, injonctions contradictoires dont il faut convaincre les personnels qui nous sont confiés, tâches nouvelles ajoutées sans compensation (gestion des AESH, organisation de la vaccination HPV, etc.), notre métier ne vend plus du rêve !
La balle est dans le camp du futur ministre. Saura-t-il s’en saisir pour redresser la situation ou au contraire continuera-t-il l’œuvre de destruction entamée par ses prédécesseurs ? Le suspense est entier et risque malheureusement de durer.