La rentrée à Mayotte s’est déroulée le 15 janvier. Ou plutôt aurait dû se dérouler. Depuis trois semaines, c’est le chaos, un quasi-état de guerre civile : d’un côté, des bandes de délinquants qui brûlent voitures, bâtiments, maisons particulières… qui terrorisent, rançonnent la population et rendent les déplacements sur l’île très dangereux ; de l’autre, des collectifs qui montent des barrages et qui protestent, ce qui aggrave la désorganisation de l’île. Partout des traces des combats : voitures et poubelles de tri brûlées et renversées, obstacles en tous genres sur la chaussée, restes de grenades, etc. Et bien sûr, des déchets qui s’amoncellent, des poubelles qui débordent, ce qui aggrave la situation par le risque d’une crise sanitaire (des cas de choléra auraient été déclarés).
Mayotte est devenue une poudrière que le moindre incident peut faire exploser.
Victimes collatérales : les élèves des établissements fermés après que les personnels aient exercé leur droit de retrait suite aux violentes attaques subies (même le Recteur a été agressé physiquement) ou incapables d’aller en cours en raison de l’absence de transports scolaires. La continuité pédagogique se met tant bien que mal en place, par internet et bientôt par les télévisions locales. Mais comment pourrait-elle être efficace alors que beaucoup trop d’élèves n’ont pas les moyens d’y accéder ? Et comment pouvoir apprendre et enseigner, avoir la tête à le faire quand la priorité, c’est de trouver des produits frais, de première nécessité, d’éviter un racket ou une agression lorsque l’on sort de chez soi ?
Le « quoi qu’il en coûte » ne serait réservé qu’aux métropolitains ?
Le sentiment d’abandon est fort pour les habitants de Mayotte, abandon par la métropole où personne n’évoque la gravité de la situation ou ne semble en prendre la mesure, mais aussi sur place par des autorités qui paraissent attendre que le mouvement de colère de la population se délite.
Aux yeux de l’Elysée, de Matignon et de la rue de Grenelle, Mayotte ne serait qu’un « confetti », une île trop éloignée pour que l’on s’en soucie ?
Mayotte est un département français depuis 2011. Ne serait-ce qu’à ce titre, ses habitants méritent la même considération, la même mobilisation et le même soutien humain, logistique et financier qui sont accordés aux autres départements français qui subissent une crise.
A nous de montrer notre solidarité avec nos collègues, d’informer, de relayer leurs appels, d’exiger une réaction à la hauteur de la situation insurrectionnelle et de détresse des populations. La FSU a attiré l’attention du ministère sur cette question au cours d’un CSA MEN ainsi que lors de la bilatérale au ministère le 12 février dernier. Le snU.pden FSU a aussi saisi des députés de ce dossier.