La volonté politique de transformer le service public de l’Éducation Nationale et la déconsidération du dialogue social amènent le gouvernement, dont notre Ministre et sa haute administration, à s’extraire de ce qui constitue le quotidien des établissements, des personnels et des élèves.
L’absence de considération de ce que nous vivons au sein des établissements est parfaitement illustrée par les mesures soumises aux prochains CSA ministériels de juin et les dernières déclarations de Pap Ndiaye sur les dates des conseils de classe.
Le boycott du CSA MEN du 31 mai, par l’ensemble des organisation syndicales représentées, aurait pu, aurait dû amener le gouvernement à prendre en compte, dans le cadre d’un réel dialogue social, les critiques unanimes sur les dispositifs proposés. Comme pour la réforme des retraites, le gouvernement est sourd à toute proposition, refuse tout réel dialogue social et propose au CSA du 13 juin les mêmes textes.
Prenons l’exemple du remplacement des enseignants. Si chacun s’accorde sur le fait que la continuité pédagogique constitue un facteur indispensable à la qualité des apprentissages des élèves, quel constat réalise le ministère et quelles sont ses propositions ?
Les absences de longue durée non remplacées, le manque d’enseignants sont-ils pris en compte comme facteur premier des cours non assurés ? Non, haro sur le remplacement de courte durée. Le Ministère poursuit les suppressions de postes dans de nombreuses académies, poursuit l’accroissement du nombre d’heures supplémentaires pour la plupart des enseignants, n’engage pas de fortes mesures de revalorisation indiciaire et d’amélioration des conditions de travail pour attirer plus de jeunes vers les métiers de l’éducation. Moins d’enseignants, des absences de longue durée non remplacées, des emplois du temps qui rentrent au chausse pied, des enseignants surchargés et épuisés. Voilà ce que nous vivons dans les établissements. Voilà ce qui explique des heures non remplacées.
La question des absences de longue durée étant éclipsée par notre ministère, abordons maintenant celle des remplacements de courte durée.
Première remarque, les absences de deux semaines ne devraient pas être considérées de courte durée. Celles-ci ne pourront jamais être entièrement compensées. C’est concrètement irréalisable.
Cela étant, que nous propose notre ministère ? Propose-t-il pour obtenir plus de souplesse et de disponibilité des enseignants une réduction des heures supplémentaires, voire une diminution de l’obligation réglementaire de service, ce qui donnerait plus de marge pour organiser des remplacements dans le cadre d’un accord gagnant/gagnant ? Non, au lieu de cela il nous propose une usine à gaz avec une mission du « pacte » sur le remplacement de courte durée, imposant 18h de RCD. Quelle méconnaissance du réel fonctionnement de nos établissements !
Le projet de décret pour formaliser le cadre du remplacement de courte durée prévoit actuellement que les enseignants devront définir des plages sur lesquelles ils ne pourront refuser le remplacement alors imposé dans les établissements. Les personnels de direction étant incompétents, un référent académique sera positionné dans chaque académie pour « veiller à la bonne mise en œuvre des plans et accompagner les chefs d’établissement dans leur élaboration et leur mise en œuvre ».
Belle illustration de la confiance que place le ministère dans ses personnels de direction. Belle illustration du type de direction que souhaite instaurer ce gouvernement, non pas fondée sur la confiance, la facilitation et l’engagement volontaire, mais sur l’obligation, la contractualisation, la contrainte. Ce n’est pas ce type de direction que nous souhaitons développer dans les établissements que nous dirigeons. Ce n’est pas ce type de relation que nous souhaitons développer avec les personnels des établissements que nous dirigeons.
Nous pourrions mener les mêmes démonstrations pour les autres missions du « pacte ». Les outils de rémunération existent actuellement. HSE pour le RCD, Indemnités pour missions particulières, pour les missions hors face à face élève. Ces outils sont plus souples d’utilisation et suffisants.
Les choix faits par le gouvernement ne se justifient que par le fait de vouloir franchir une nouvelle étape vers la contractualisation individuelle, étape qui se place dans une évolution globale d’affaiblissement des statuts, le refus d’augmenter globalement les rémunérations par une augmentation du point d’indice et de revaloriser les corps par une réévaluation des échelles indiciaires, la volonté d’aller plus loin dans la contractualisation et la mise en concurrence des EPLE.
Nous poursuivrons le combat contre ces orientations. Le snU.pden-FSU appelle tous les personnels de direction à éviter toutes les dérives délétères liées à la mise en œuvre du « pacte ».
Bobigny, le 9 juin 2023
Bureau national