La communication de notre Ministre nous demandant d’organiser une heure de sensibilisation contre le cyberharcèlement cette semaine, l’instruction arrivant dans les établissements vendredi 9 juin après-midi, est une nouvelle fois inadmissible et improductive.
La douleur de la famille de Lindsay, par suite du suicide de leur enfant de 13 ans, harcelée sur les réseaux sociaux est immense. Chacun est touché par ce drame. Les actes de harcèlement sont odieux et la mobilisation quotidienne des équipes éducatives, dont les personnels de direction, pour prévenir, alerter, réguler et sanctionner est permanente.
Cette annonce de notre Ministre est inadmissible.
Inadmissible parce qu’elle sous-tend que le travail de prévention n’est pas réalisé dans les établissements.
Inadmissible parce que l’annonce d’un référent harcèlement qui « sera payé pour cela » dévalorise le travail réalisé au quotidien par les équipes et notamment les C.P.E.
Inadmissible parce que le temps alloué pour concevoir, planifier et réaliser une action efficace à l’échelle de l’établissement ne correspond pas à la temporalité de nos établissements, surtout en cette période. Une action porteuse de sens ne peut s’improviser en quelques jours pour répondre à une communication ministérielle.
La lutte contre le harcèlement nécessite une action organisée, planifiée, portée par l’ensemble des personnels, permettant également l’implication des parents. C’est ce que nous réalisons dans nos établissements, ce que le Ministre semble méconnaître.
Nous avons besoin de personnels, C.P.E., AED, assistantes sociales, infirmières scolaires, en nombre suffisant dans chaque établissement.
Nous avons besoin de relais auprès des partenaires extérieurs associatifs, éducatifs.
Nous avons besoin de travailler avec nos partenaires institutionnels que sont la police, la gendarmerie et la justice. Nous avons besoin que ces institutions soient dotées de fonctionnaires en nombre suffisant pour être disponible non seulement pour traiter rapidement les situations avérées de harcèlement, mais également pour nous aider dans les établissements, lorsque nous en avons besoin, dans le cadre des actions de prévention. Chaque institution doit intervenir dans son champ de compétence. L’Éducation Nationale doit et peut intervenir lorsque un lien avec la chose scolaire est établi.
Nous avons besoin de temps. Temps pour concevoir, organiser et animer ces séquences de sensibilisation et de prévention. Les surcharges de travail des personnels de direction, des personnels enseignants et d’éducation, ne contribuent pas à l’action collective.
C’est pourquoi, le snU.pden-FSU appelle tous les personnels de direction à n’organiser cette séquence demandée par le Ministre que dans les établissements dans lesquelles elle peut prendre sens dans le cadre d’un dispositif plus global.
Dans les autres cas, la précipitation ne peut pas donner de résultats positifs. Le snU.pden-FSU appelle alors à s’abstenir de toute action trop rapidement élaborée. Une véritable politique de prévention dans nos établissements ne doit pas être soumise au dictat de la communication ministérielle.
Bobigny, le 12 juin 2023
Bureau national