CONGRÈS FSU DE METZ FÉVRIER 2022

Intervention de Igor GARNCARZYK

Chers camarades,

L’Éducation Nationale a connu des attaques frontales au cours de ces dernières années, des attaques qui, comme dans l’ensemble de la fonction publique, transforment sa superstructure.

Je n’aborderai pas les éléments qui ont été ou seront développés par d’autres camarades : réforme des lycées et du baccalauréat, réforme de la voie professionnelle, parcours sup, abandon du paritarisme pour les opérations de gestion des personnels …

J’aborderai des points qui transforment, ou qui ont pour objectif de transformer plus ou moins insidieusement le fonctionnement des EPLE, de réduire le pouvoir d’action des personnels et de la démocratie en leur sein, de modifier l’équilibre fragile du rapport État collectivités territoriales et de renforcer un management descendant des chefs d’établissement :

Pour cela six points seront rapidement évoqués, à intégrer dans le cadre d’une évolution systémique dans laquelle chaque modification d’un élément du système concourt à la même finalité : renforcer les prérogatives du chef d’établissement au détriment d’un fonctionnement collégial et démocratique des EPLE.

  • Le chef d’établissement devient le supérieur hiérarchique de l’adjoint pédagogique et de fait devra l’évaluer. Il s’agit d’une destruction progressive du concept d’équipe de direction, voire au retour à deux corps distincts. En clair on « avance » vers un chef qui dirige de manière plus autocratique, accompagnée de l’accroissement de l’isolement et fragilisation du chef vis à vis de sa hiérarchie.
    • À mettre en relation avec les tentatives de création de hiérarchies intermédiaires dans les corps enseignants.
    • Droit d’instruction des collectivités territoriales aux adjoints gestionnaires. Là encore, c’est l’explosion potentielle de l’équipe de direction. Une collectivité a ainsi droit d’instruction sur un personnel d’État, dont le rôle est fondamental dans la détermination et la mise en œuvre de la politique de l’établissement.
    • Le chef d’établissement décide de l’ordre du jour du CA, il ne le soumet plus à l’approbation du CA. Chacun peut en tirer les conclusions
    • La commission permanente peut se voir déléguer par le CA un champ de compétences important et, au-delà du cadre réglementaire, nous notons une pression de la DEGESCO pour qu’il n’y ait pas d’installation de la commission permanente sans délégation. Ainsi un des lieux de débats et d’échanges préalables aux décisions est ainsi également minoré.
    • L’évaluation des établissements, qui certes s’est le plus souvent déroulée dans des conditions de bienveillance par les équipes d’évaluateurs externes cette première année, mais elle ouvre les portes de nouveau à une perte de pouvoir des personnels et des collectifs au sein des EPLE.
    • Nous pourrions poursuivre avec par exemple les Postes à profil créés cette année, la déréglementation de notre institution au prétexte de la crise sanitaire… et bien d’autres éléments…

Nous devons être très attentifs et combattre ces évolutions contre certaines desquelles nous n’avons pas toujours collectivement et unitairement réagi avec suffisamment de force, tel le décret sur la gouvernance académique de février de janvier 2012 qui remplaçant les Inspecteurs d’académie par des Directeurs académiques floutaient la frontière entre le représentant du politique, le Recteur et le fonctionnaire représentant l’État, l’Inspecteur d’académie puis le chef d’établissement.

Toutes ces évolutions vont dans le même sens : créer les conditions réglementaires et positionner les chefs d’établissement pour franchir une nouvelle étape dans l’autonomie des établissements, visant à recruter localement, visant à individualiser les carrières, visant à instaurer des hiérarchies intermédiaires, visant à renforcer le pouvoir des collectivités territoriales. C’est pourquoi nous devons les combattre.

Au contraire d’autres fédérations, le snU.pden, avec la FSU, a combattu sans ambiguïté ces évolutions. Les personnels de direction que nous souhaitons et que nous sommes, doivent faciliter l’action des collectifs de travail dans un cadre démocratiquement défini pour l’EPE, exercer une direction la plus démocratique possible et assurer cette même démocratie au sein des instances, être vigilants au respect des statuts, militer pour le maintien des concours et des principes de la Fonction Publique de carrière, tout cela sans concession.

C’est pour ce type de personnels de direction qu’œuvre le snU.pden-FSU.

Igor GARNCARYK

Secrétaire Général du snU.pden-FSU