Marquée par un mouvement social contre la Réforme des retraites puis par une mise en confinement de l’ensemble de la population, l’année scolaire 2019-2020 a été particulièrement erratique et épuisante pour les personnels. Le Ministre de l’Education Nationale communique à tout va pour les dispositifs d’école et de colonie apprenante. Après une telle année scolaire, il sera difficile de trouver des agents, des enseignants, des personnels de direction frais comme des gardons pour donner le change.
Nous exigeons du Ministère qu’il ne nous fasse pas lanterner et que des écrits clairs nous permettent à tous de préparer la rentrée de septembre dans la sérénité. Les équipes sont éreintées. Elles ont besoin de ce cadre qui leur permette de se projeter pour construire une rentrée équilibrée et qui leur permette d’anticiper d’éventuelles mesures de reconfinement. Nous ne pouvons pas refaire une nouvelle année scolaire où nous gérerons l’urgence pour le lendemain, où nous subirons les injonctions des supérieurs hiérarchiques, du fait même de la posture autoritaire du ministère et de la volonté d’afficher « quoi qu’il en coûte », des résultats auprès des médias.
Ce que nous retiendrons de cette année, c’est qu’à bien des égards, elle constitue un point de bascule pour la Fonction Publique, avec l’entrée en vigueur de la loi votée en août 2019 et dont les premiers effets se font sentir : auparavant, le mouvement des personnels de direction obéissait encore à certaines « règles » que chacun acceptait bon an mal an, chacun espérant que les copains ou connaissances élus en CAPA ou CAPN feraient le boulot et répareraient les erreurs de l’administration. Cette époque est terminée. Les syndicats qui disposaient d’élus en CAPN n’ont pas pu accéder aux fichiers. Pire, le syndicat majoritaire n’a pas été en capacité de reconstituer le dit fichier. Les commissaires paritaires n’ont pas de réponse à donner aux collègues qui n’ont pas obtenu de mutation. Alors qu’est-ce que cela change avec le monde d’avant, me direz-vous ? Au moins, avant, on avait un interlocuteur qui avait discuté directement avec la Centrale et qui jouait son rôle de médiateur. Quelqu’un qui, par force de persuasion, donnait du sens à cette opacité et qui trouvait les arguments pour vous donner la patience d’attendre l’année suivante ou bien de reconstruire une stratégie pour le deuxième voire le troisième mouvement. Le mandatement syndical permet d’assurer une part du dialogue avec l’administration, mais bien souvent, on n’a pas d’autre choix que de remettre le mouchoir dans sa poche.
Le snU.pden-FSU n’a pas d’élu en CAPN. C’est le résultat des élections professionnelles. Néanmoins, dans nos écrits, nous avons défendu des positions invariables sur la loi de transformation de la Fonction Publique. Nous n’en voulions pas et nous en avons expliqué les dangers. Il en est de même avec le décret de modification de recrutement des personnels de direction qui abaisse le nombre d’années pour passer le concours de 5 à 4 et qui introduit une troisième voie, sans diplôme, pour les responsables d’association ou les personnes ayant bénéficié de mandats électifs…
Nous savons dire que nous sommes d’accord avec ce que l’Institution propose quand ce qu’elle écrit est porteur de sens et que cela amène des éléments de progrès pour les élèves et les personnels. Nous savons être critiques également. Nous savons également dire non et, en ce sens, nous ne sommes pas un syndicat de cogestion.
Les points de bascule pour le système sont évidents : fin de la Fonction Publique d’Etat, nouveaux transferts de compétences à la Fonction Publique Territoriale, place plus importante de la gestion managériale et désincarnée des établissements, externalisation de pans entiers de notre système éducatif à travers les 2S2C, réduction drastique des enseignements si les élèves n’ont plus classe qu’à mi-temps… Pour une majorité d’entre nous, quelle que soit notre appartenance syndicale, cela ne peut pas constituer un cap raisonnable pour l’école.
Le travail en bonne intelligence avec les équipes enseignantes, administratives et territoriales est possible. Elle est porteuse de sens pour les élèves et les familles et permet la construction de projets d’établissement dynamiques.
Bien entendu, nous avons une pensée pour nos collègues, pour qui cette année a été très difficile, ceux pour qui cet été sera rempli de questionnement sur les emplois du temps. Nous espérons que vous pourrez prendre le temps nécessaire pour vous reposer. C’est un temps nécessaire, tout comme celui de la déconnexion.
Paris, le 29 juin 2020
Le bureau national