Monsieur le Recteur,
Les élections professionnelles ont permis à de nos collègues de se prononcer. Nous tenons à souligner l’importance de permettre aux organisations syndicales non représentées dans les CAPA de pouvoir continuer à être représentées et à pouvoir s’exprimer dans les instances Blanchet. Dans la continuité de ce principe, nous souhaitons également pouvoir participer aux groupes de travail, de manière à pouvoir enrichir le débat et les discussions. Nous sommes porteurs d’idées et de valeurs au service de l’école et de l’ensemble de la communauté éducative. Cette constitution de l’instance Blanchet, qui permet à la diversité des idées de s’exprimer, est le reflet de notre attachement commun à la démocratie.
L’actualité des Gilets Jaunes nous montre combien notre République a besoin des corps intermédiaires et des organisations syndicales, non pas pour lisser le débat et trouver des solutions de couloirs, mais pour aborder sur le fond les inquiétudes sur les conditions de travail, sur les salaires, les futures retraites, le devenir des enfants scolarisés à l’école maternelle, élémentaire, au collège, au lycée, à l’université.
Le Président de la République et le gouvernement ont défini un agenda social que le mouvement des Gilets Jaunes vient contrarier. L’accumulation des Réformes, y compris celles de l’Éducation Nationale, redéfinit clairement un nouveau contrat social avec lequel bon nombre de personnels sont clairement en désaccord : les choix budgétaires qui prévalent actuellement en constituent le signe tangible, la réforme des retraites qui se prépare un autre, tout comme le gel du point d’indice, ou bien encore les mensonges du Ministère qui masque grossièrement les suppressions de poste dans le second degré en diminuant le nombre de postes supprimés de l’augmentation du volume des heures supplémentaires. Ce n’est pas ainsi que peut se construire l’École de la confiance.
Cette redéfinition unilatérale du contrat social inquiète les citoyens que nous sommes, parce qu’elle ne semble pas porteuse des mêmes valeurs de justice sociale et d’équité qui ont prévalu la reconstruction de notre République après la deuxième guerre mondiale.
Chacun vit au quotidien l’emballement des Réformes et cherche le sens de ce qui prévaut. S’agit-il réellement du bien des élèves, de leur épanouissement, de leurs progrès de leur émancipation ou bien tout simplement la volonté d’abaisser la masse salariale et de réduire le périmètre des services publics ? La question de la réforme territoriale, centrale pour nos académies, relève de cette même interrogation.
Chacun a pu constater votre volonté d’exhaustivité avec le très large ordre du jour proposé à cette instance. Deux heures ne suffiront pas à répondre à l’ensemble des questions, nous le savons bien. Ce vaste ordre du jour traduit également la grande inquiétude des personnels de direction que nous sommes. Nous tenons également à vous signaler que face à la politique que l’on demande de tenir, au regard des DHG qui nous sont déléguées, nous sommes inquiets de nos futurs conseils d’administration. Au-delà des difficultés techniques soulevées par la réforme des lycées, par les baisses de dotation en collège, ce qui nous inquiète monsieur le Recteur, ce n’est pas l’opposition des enseignants, des parents, face à ce que nous allons leur présenter : nous sommes habitués à ces postures, à répondre aux injonctions paradoxales de notre ministère. Ce qui nous inquiète, c’est la perte de sens et de crédibilité de la politique menée au sein de notre ministère. La réforme du lycée GT, la politique inclusive développée au sein de nos classes, la réforme de la voie professionnelle, par exemple, ne peuvent souffrir de cette ambiguïté centrale : quels sont les véritables enjeux des réformes en cours, recherche d’économies sur le service publique de l’Éducation Nationale ou véritables choix pour une meilleure réussite des élèves. C’est pourtant à des contradictions forgées par la politique ministérielle que nous sommes confrontés au quotidien, par des prévisions d’effectifs incompatibles avec les missions fixées dans nos contrats d’objectifs, par des DHG qui ne permettent pas d’offrir aux élèves les enseignements auxquels ils devraient avoir droit sur l’ensemble du territoire de nos académies. Le gouvernement doit pleinement assumer ses choix politiques et ne plus jouer en stratégie de communication pour masquer la réalité de la baisse de moyens accordés au second degré.
Un grand nombre de points à l’ordre du jour de cette commission seront liés à ces enjeux nationaux.
Pour reprendre le vocabulaire cher à certains de nos collègues présents dans cette instance, il y a urgence à apporter des réponses, qui ne soient pas des solutions de façade. Les personnels de direction jouent bien évidemment un rôle important dans l’équilibre même de l’Etat. Cela suppose que nous soyons en capacité d’apporter des réponses claires, convaincantes, rassurantes à nos collègues, aux parents et aux élèves. Nous comptons sur vous, monsieur le Recteur, pour faire remonter l’ensemble de nos inquiétudes à monsieur le Ministre, face à l’urgence de cette crise et pour apporter des réponses concrètes qui nous permettent de travailler avec nos équipes.
Rouen, le mercredi 16 janvier 2019
Bureaux académiques du snU.pden-FSU Caen-Rouen