Des évaluations nationales standardisées : opérations de communication ou recherche d’une réelle plus-value éducative ?

Le Ministre de l’Éducation Nationale a engagé une politique de l’évaluation tant à l’école élémentaire que dans le second degré, premier et second cycle.

Au-delà des problèmes techniques et organisationnels soulevés pour les lycées comme pour les collèges, cette politique d’évaluations nationales régulières des élèves ne va pas sans poser de réelles questions sur le fond. Au moins deux niveaux de réflexion apparaissent :

  • Des évaluations avec des objectifs multiples sont-elles concevables et efficaces ?
  • Des évaluations, oui mais quels outils pour les exploiter au service de l’enseignement et des élèves ?

Des évaluations avec des objectifs multiples sont-elles concevables et efficaces ?

Les objectifs affichés par le Ministère renvoient à des finalités antagonistes :

  • Évaluation du système, tant à l’échelle locale que nationale
  • Évaluation diagnostique des élèves à usage pédagogique

L’évaluation du système ne nécessite pas une évaluation de l’ensemble de la population, mais d’un échantillon représentatif, ce qui allégerait les dispositifs. La poursuite de l’un ou l’autre de ces objectifs devrait entraîner des constructions d’évaluation sur des bases différentes. En effet, si des indicateurs assez globaux sont suffisants pour des évaluations à finalité d’analyse statistique, ils sont insuffisants pour un diagnostic fin des points forts et des fragilités des élèves, pour la compréhension des causes d’erreur des élèves … autant d’éléments nécessaires aux enseignants pour adapter et différencier leurs pratiques pédagogiques à la réalité des élèves qui composent leurs classes.

Des évaluations, oui mais quels outils pour les exploiter au service de l’enseignement et des élèves ?

Concernant les outils mis à disposition des enseignants et personnels de direction, ils ont été l’année passée indigents. Aucune souplesse d’utilisation, aucune fonctionnalité de regroupement, la seule édition pdf envisagée ! Pédagogiquement inexploitable.

Inexploitable également pour le retour aux écoles. Dans le cadre des conseils école collège ou conseils de cycle, outils inadaptés. Une fois de plus, l’impression d’avoir consommé beaucoup de temps et d’énergie pour un résultat décevant.

Le processus même de correction automatique peut paraître, même si le gain de temps est appréciable, antinomique avec la notion d’évaluation diagnostique à des fins pédagogiques.

Monsieur le Ministre, faites-nous confiance !

Monsieur le Ministre, que le ministère ait besoin de données statistiques, certainement, vous n’avez pas pour cela besoin d’une évaluation nationale générale.

 Pour les évaluations diagnostiques à des fins pédagogiques, faites confiance à vos personnels, personnels de direction et enseignants pour, de manière réfléchie, coordonnée et efficace, développer les stratégies évaluatives qui permettent d’adapter les stratégies pédagogiques, les formes de groupement, … qui renforceront l’efficacité du système éducatif.

Donnez-nous le temps et les moyens de mettre en œuvre ces stratégies, vous serez surpris de leur efficacité !

Paris, le 3 octobre 2018

Igor GARNCARZYK

Secrétaire général du snU.pden-FSU