Concours de recrutement des chefs d’établissement : autopsie d’une catastrophe annoncée

Il est loin le temps où devenir PERDIR, ça « vendait du rêve » : rêve de promotion sociale, rêve de pouvoir piloter pédagogiquement en autonomie un EPLE, rêve de prendre de la hauteur …

La réalité en 2025, c’est une descente en enfer du nombre d’inscrits aux épreuves écrites et de présents aux épreuves orales :

– Entre 2017 et 2024 (les chiffres de 2025 ne sont pas encore connus) : – 27 % d’inscrits, – 29 % de présents à l’oral.

– Rien qu’entre 2023 et 2024 : – 10 % d’inscrits et – 12 % de présents à l’oral.

En cause, de nombreux facteurs :

– Les chefs d’établissement apparaissent trop souvent aux yeux des candidats potentiels aux concours comme les courroies de transmission des réformes imposées d’en haut, contre l’avis des professionnels de terrain. Exit l’autonomie et le pilotage responsable !

– La charge de travail et les exigences institutionnelles ont crû de façon exponentielle : enquêtes, mails, scan de milliers de copies d’examen, gestion des remplacements en l’absence de professeurs ou CPE pour suppléer ou occuper les postes restés vacants, etc. Et de plus en plus de missions qui ne relevaient pas de notre champ de compétences jusqu’ici : campagne de vaccination HPV, désignation de référents santé mentale faute d’infirmiers et de PSYEN, …. Et bientôt, attribution des PAP faute de médecins scolaires. L’institution se défausse de ses responsabilités sur les PERDIR, au risque de les faire « exploser » à leur tour.

– Une hiérarchie qui défend officiellement la QVT (Qualité de Vie au Travail) mais qui ne l’applique pas à ses cadres, trop muselés par les procédures d’évaluation (à quand un barème transparent ?) et par les procédures de mutation (à quand un barème transparent ?), et guère défendus par le syndicat majoritaire.

– Et enfin, last, but not least, le salaire : le SNES-FSU a obtenu de haute lutte que la hors-classe devienne le débouché naturel pour tous les enseignants, et s’attaque actuellement à ce que la classe exceptionnelle suive le même chemin. L’ISOE a également été doublée. A cela viennent s’ajouter des compléments ponctuels, critiqués et critiquables, mais qui augmentent encore les revenus des professeurs, et font que le salaire PERDIR ne souffre plus la concurrence : il faut donc être sacrément motivé pour passer un concours qui fait perdre de l’argent soit dès l’entrée en fonction, soit au moment de la retraite (les primes ne comptant pas pour le calcul de son montant) !

L’alternative est simple : continuer à accepter l’inacceptable, pour se diriger droit vers l’extinction d’un corps de personnels dont nous pouvions être fiers, ou redresser la tête, s’affirmer comme les cadres A+ que nous sommes pour prendre les bonnes décisions, en toute autonomie, et rallier massivement le snU.pden-FSU !