RECRUTEMENT DE PERSONNELS DE DIRECTION :

Quand la pédagogie est abandonnée au profit du management

Depuis des années, les gouvernements successifs ont mis en place des audits de différents services publics pour chasser les « coûts inutiles » et modifier la gestion des ressources humaines au passage. Cela a été le cas de l’hôpital public, des universités, des transports ferroviaires… Ces audits menés par des cabinets spécialisés ont entraîné des ruptures notamment en termes de recrutement des personnels. La contractualisation devenant la norme avec la mise en œuvre de l’autonomie. Des emplois statutaires ont laissé la place à des missions de durée limitée. Les relations humaines ont été remplacées par une organisation très verticale qui impose aux « subalternes « d’exécuter les décisions sans discussion. Cette tendance a été amplifiée par les nouvelles méthodes issues de l’entreprise avec entre autres les théories du management mises en œuvre au sein des ministères par des responsables issus de grandes écoles très souvent loin du vécu du terrain. Ces nouvelles orientations se retrouvent dans l’arrêté du 3 août 2021 fixant « les modalités d’organisation et la nature des épreuves des concours de recrutement dans le corps des personnels de direction d’établissement d’enseignement ou de formation relevant du ministre chargé de l’Éducation Nationale ».

Les principes du nouveau concours

Le nouveau concours à compter de 2023 se propose de recruter des managers. Il prévoit une note de synthèse pour l’admissibilité basée « sur des documents principalement d’ordre juridique »

L’épreuve d’admission permettra « d’apprécier les motivations et les capacités de réflexion du candidat, notamment en matière de gestion des ressources humaines et de déontologie. »

L’entretien permet également « d’évaluer les compétences managériales du candidat ainsi que son aptitude à mettre en œuvre des réformes. »

Ce nouvel examen ne sera plus appuyé sur la dimension pédagogique mais sur des capacités de gestionnaire. Il sera demandé aux futurs recrutés de mettre en place des réformes y compris au forceps : le personnel de direction ne sera plus le représentant de l’État mais une « courroie de transmission » des politiques en place. Ce nouveau concours pose la question de la place pour la pédagogie. Celle-ci ne sera plus évaluée lors de l’entretien ? Toute une partie de la vie professionnelle serait ainsi évacuée ? Les candidats issus du monde enseignant vont devoir être pointus dans le domaine juridique, domaine réservé à quelques formations universitaires.

La note de synthèse est un exercice très particulier que peu d’enseignants pratiquent au quotidien.

Comment un enseignant peut-il mettre en évidence son aptitude à mettre en œuvre des réformes ? Dans son quotidien, les réformes lui sont imposées et il ne participe pas ou très peu à leur élaboration. Cette réforme du concours va totalement modifier la vie des établissements et les relations au sein de ceux-ci. C’est une nouvelle étape dans le projet libéral du pouvoir en place de modifier en profondeur l’École de la République en éloignant un peu plus les personnels de direction des équipes.

Pour le snU.pden FSU, cet arrêté, à rapprocher de l’évaluation des établissements, des contrats d’objectif, du CREP…. n’améliorera en rien le quotidien des personnels de direction et va au contraire accroître la charge qui pèse déjà sur eux aujourd’hui.

Le bureau national du snU.pden-FSU