Quand les « laboratoires d’idées » s’attaquent au modèle social et aux services publics

Alors que le Sénat vient de jeter l’éponge ce jour, ce sera donc à l’Assemblée nationale de voter le PLFSS. Un vote final loin d’être gagné d’avance, malgré les « compromis » obtenus par certains. Victoire à la Pyrrhus que le report de la réforme des retraites, la non-augmentation des franchises… Pour ces dernières, rappelons que les décrets étaient prêts à sortir lorsque François Bayrou a été obligé de quitter le pouvoir.

Le budget de l’État n’est pas davantage assuré de trouver une majorité, malgré, là aussi, des compromis divers et variés.

Mais nous n’avons pas encore vu le pire. Des « laboratoires d’idées » sont en train de distiller quelques propositions auprès des responsables politiques.

Ainsi, pour Terra Nova, il faut que ces derniers aient le courage de procéder à des coupes sombres dans le pouvoir d’achat des ménages :

« C’est un effort de 3 000 à 4 000 euros par ménage et par an », avance Guillaume Hannezo dans une note* du 8 décembre dernier.

Comment y parvenir ? Par deux trains de mesures simples selon l’auteur :

  • la réduction de moitié du taux d’épargne des retraités, via une baisse des pensions de 10 à 12 % (non-revalorisation, suppression de l’abattement fiscal de 10 %) ;
  • l’augmentation du taux de TVA, celui-ci étant « 3 à 5 points en dessous des pays comparables ».

Ces deux mesures auraient pour impact d’obliger les ménages à désépargner…

Pour l’Institut Montaigne**, la santé et les retraites sont également dans le collimateur :

« En vingt-cinq ans, les dépenses annuelles de retraites et de santé ont ainsi progressé de près de cinq points de PIB. »

L’Institut envisage des mesures drastiques, parmi lesquelles :

  • la multiplication par 16 des frais de scolarité pour l’entrée en licence et par 11 en master ;
  • l’alignement du taux de CSG des plus grosses retraites sur le taux normal ;
  • la suppression de 200 000 postes dans la fonction publique territoriale (retour aux effectifs d’il y a vingt ans).

L’Institut Montaigne suggère également qu’« il pourrait alors être nécessaire de cesser de financer des services publics dont la fourniture à titre quasi gratuit est aujourd’hui considérée comme un acquis ».

À la lecture des notes de ces deux organismes, on ne peut que s’inquiéter du sort réservé aux services publics, dont certains sont déjà exsangues. Quels crédits pour l’école, pour la santé, pour les services publics de proximité… dans un tel contexte ?

Pour le snU.pden-FSU, le débat démocratique doit être pleinement mené afin d’élaborer le modèle de société que nous voulons pour notre pays, ainsi que la place de l’école. Celle-ci doit permettre l’émancipation de toutes et tous grâce à une éducation du plus haut niveau possible. Les personnels de direction ont toute leur place dans cette réflexion.


* Terra Nova – Comptes publics : en finir avec le « n’importe quoi qu’il en coûte »
https://tnova.fr/economie-social/finances-macro-economie/comptes-publics-en-finir-avec-le-nimporte-quoi-quil-en-coute/

** Institut Montaigne – Budget base zéro : décider sous la contrainte
https://institutmontaigne.org/ressources/pdfs/publications/resume-budget-base-zero-decider-sous-la-contrainte.pdf