Le secret et la faveur des dieux

Le complément indemnitaire annuel (CIA) vise, selon les textes qui l’instituent, « à reconnaître la valeur professionnelle de l’agent, son investissement personnel dans l’exercice de ses fonctions, son sens du service public, et sa capacité à travailler en équipe et sa contribution aux collectifs de travail ». Or nombreux sont les personnels de direction qui ont bien du mal à trouver une correspondance entre l’évaluation de ces mêmes attendus dans le cadre du CREP et à comprendre la logique de leur positionnement sur l’un des trois niveaux d’attribution du CIA.

Nous avons formulé auprès du rectorat une proposition pour un fonctionnement académique plus favorable à la transparence des critères du CIA :

Le syndicat snU.pden-FSU a pris  acte de la mise en place du RIFSEEP à partir de septembre 2024. Notre organisation a exprimé au CSA-MEN sa position quant à la plus-value de celui-ci pour le corps des personnels de direction. Nous maintenons que la revalorisation indiciaire de tous les chefs d’établissement et adjoints est la première condition pour redonner de l’attractivité à notre métier et prendre en compte l’augmentation des tâches et responsabilités qui nous sont données. Les primes individuelles, volatiles, attribuées dans l’opacité, ne répondent pas à ces objectifs.

Pour l’année scolaire 2024-2025 le snU.pden-FSU demande la mise en place d’un protocole académique et d’un groupe de travail pour définir les critères pour l’attribution du CIA afin qu’ils soient connus des personnels. Cette démarche pourrait ainsi constituer un préalable à une garantie de transparence et d’équité pour l’ensemble des opérations de gestion des carrières. Nous demandons également qu’un bilan soit réalisé à la fin de l’année pour une régulation de ce nouveau dispositif.

Sans trop de surprise, c’est une fin de non-recevoir qui nous est opposée. Même avec cet appel à une solution par le protocole qui avait pourtant de quoi séduire une administration qui en raffole… Apparemment le plaisir n’est pas partagé.

C’est bien dommage. Car on pourrait s’attendre à ce qu’une vraie revalorisation de notre métier passe par autre chose que des procédures qui confirment une vision réduite à celle d’exécutants dociles, animés par l’esprit de cour. Il serait certainement profitable, autant pour l’institution que pour les personnels qui la servent, de rompre avec la croyance aux bénéfices d’une mise en concurrence généralisée, qui joue sur le sentiment de la faveur et de l’élection, et qui isole sous couvert de distinguer les singularités méritantes.

C’est de confiance, de la reconnaissance de notre capacité à faire vivre des collectifs dans la responsabilité et l’engagement que nous avons besoin. Cette confiance passe au minimum par la possibilité de bénéficier dans l’évaluation de nos missions de points de repère avec des critères explicites, connus et s’appliquant de la même manière pour tous.

L’académie de Rennes peut trouver l’occasion d’une telle transformation. C’est pourquoi nous souhaitons relancer notre demande. Nous appelons à porter cette volonté et à lui donner du poids par l’action intersyndicale.

Edmond Porra, Chantal Anton – SnU.pden-FSU Rennes