Présents, engagés et serviteurs du bien commun

Sous couvert d’une crise budgétaire dont sa politique de largesses fiscales au profit des rentes du secteur privé est la première responsable, la stratégie de l’alliance des droites au pouvoir est de faire passer comme nécessité des choix idéologiques. Elle entend imposer, au nom d’une « réforme nécessaire » à mener « au nom de l’intérêt général », une politique d’austérité dont les solidarités nationales et la Fonction publique sont les victimes désignées. « L’intérêt général » tombe à point nommé pour achever le projet néo-libéral qui vise à rapprocher le capitalisme français du modèle anglo-saxon par le démantèlement de l’Etat social et la réduction du périmètre de la Fonction publique.

Le discours sur la rentabilité du service public – désormais placé sous l’autorité de la pensée d’Elon Musk – ne recule pas devant le cynisme pour une politique qui aboutit à une moindre rentabilité. Les déclarations du ministre du budget qui reprennent l’antienne du « on va faire mieux avec moins » atteignent un point de non-retour dans l’absurdité, en célébrant une ère nouvelle, celle de la dégradation heureuse. Est-il vraiment sérieux de prétendre « redresser le niveau de notre Ecole » avec moins de ressources et moins de personnels ? Est-il vraiment responsable de créer les conditions d’une détérioration des conditions de travail et d’aggraver le sentiment de perte de sens pour des agents de plus en plus poussés à bout ? Le nombre des arrêts maladie dans la Fonction publique, au lieu d’être un effet d’un laxisme de l’Etat dans la gestion de ses fonctionnaires, est plutôt celui de sa maltraitance. Faut-il s’étonner dans ces conditions d’une crise de l’attractivité des métiers de l’éducation ?

Cette politique, délétère par ses effets sur l’efficacité du service public, ne l’est pas moins par ses conséquences sur l’opinion. Alors que le vote RN s’est en grande partie nourri de l’effritement des services publics et de leur désertification croissante dans les territoires, alors que l’affaiblissement des solidarités publiques a fait progresser inégalités et précarité qui profitent à la montée de l’extrême droite, la mise en œuvre de cette désétatisation à marche forcée pousse l’électorat populaire dans les bras du populisme lepéniste. Et comme si cette tendance n’était pas encore suffisamment affirmée, c’est en axant la communication sur le fonctionnaire bashing et sa résonnance dans la fraction poujadiste de la population que la stratégie est appuyée. Jouant sur la corde de l’opposition des citoyens les uns aux autres, activant le levier du désir de vengeance sociale, les bénéfices en retombent finalement dans l’escarcelle du RN.

Pour autant, malgré les campagnes de dénigrement, malgré la dégradation organisée de leurs conditions de travail, les fonctionnaires sont présents, engagés, animés d’un sens du service public qui est étranger à ces réformateurs biberonnés aux vertus de la compétition marchande.

Qui apporte son attention aux plus vulnérables ?
Qui est mobilisé auprès des parents pour retisser le lien social là où il s’effondre ?
Qui lutte au quotidien contre les inégalités ?
Qui incarne encore la présence de l’Etat auprès des citoyens alors que les politiques anti-sociales détruisent la confiance dans les institutions ?
Qui défend sur le terrain les valeurs républicaines et la laïcité et qui tient bon contre les offenses dont elle est l’objet… ?

Les fonctionnaires avec un esprit d’engagement, un sens du bien commun pour des conditions de rémunération (avec un salaire net inférieur à la moyenne européenne) devraient forcer le respect au lieu d’inspirer la calomnie.

Morosité et résignation nourrissent les plans de « conduite du changement ». Le gouvernement compte sur ce principe de base du management au service de la guerre sociale qu’il conduit. C’est avec le consentement résigné de ses victimes que le thatchérisme, modèle ouvertement déclaré de la politique que nous subissons, a détruit les cadres de la solidarité sociale. Ne tombons pas dans les mêmes dans le même piège. Le snU.pden-FSU appelle à défendre le service public contre ces attaques qui sont sans précédent. Il invite les personnels de direction à se mobiliser avec l’ensemble de la fonction publique le 5 décembre. Il faut mettre en échec la politique de ce gouvernement : nos responsabilités nous engagent à entraver par tous les moyens possibles son action.