Lille – compte-rendu de l’audience du 4 juillet 2024

Le SNUPDEN-FSU – représenté par Jérôme GANNARD, Valérie CORNETTE et Karine BOULONNE – a été reçu ce jeudi 4 juillet au Rectorat de Lille par M. PIERRE, Secrétaire Général, M. HURIAUX, chef du DEPA, et M. LINNARD, du DEPA

Contexte électoral

Nous avons commencé l’audience en évoquant le contexte politique actuel et les conséquences auxquelles sont soumis certains personnels depuis 3 semaines : des usagers, voire des « collègues » font preuve de racisme décomplexé à leur égard avec des réflexions du type « vous ne serez plus là l’an prochain, puisque Bardella va gagner ».

M. PIERRE a rappelé le soutien du rectorat pour les personnels concernés. Il nous a indiqué d’ailleurs que le nombre de demandes de protection fonctionnelle a été multiplié par 2 cette année, surtout pour des faits en lien avec les parents d’élèves. Il ne faut donc pas hésiter si vous êtes concernés à faire une demande auprès de Mme le Recteur (lettre expliquant la situation, accompagnée éventuellement d’un dépôt de plainte le cas échéant).

Des PERDIR qui ne doivent pas être de simples exécutants

Nous avons ensuite évoqué la perte d’autonomie dont les PERDIR, pourtant cadres, font l’objet depuis plusieurs années : les dernières réunions de bassins, les circulaires concernant le choc des savoirs, les pactes, etc. sont autant de sujets où les directives ministérielles imposent un cadre contraignant, normatif, modélisant, ne prenant pas en compte les spécificités des établissements et notre capacité à prendre les décisions qui correspondent aux besoins locaux et à nos choix de management.

M. PIERRE a exprimé sa confiance dans les chefs d’établissement et leur capacité à faire. Selon lui, les exemples donnés dans les réunions ou les circulaires ont vocation à rester des exemples, permettant d’aider, de guider ceux et celles qui en auraient besoin. L’académie de Lille n’a pas – jusqu’ici – imposé de cadre contraignant : cela a été le cas pour les pactes pour l’année 2023-2024, cela a également été le cas pour l’attribution de la « majoration » pacte de 1000 euros pour les PERDIR cette année (l’académie avait la possibilité de l’attribuer en fonction du nombre de pactes attribué dans l’établissement, ce n’est pas le choix qui a été fait, tous les PERDIR l’ont obtenue, exception faite des stagiaires et des T1, ce que nous dénonçons toujours).

Nous avons rappelé la position du SNUPDEN-FSU : les chefs d’établissement sont des personnels d’encadrement, qui disposent d’une autonomie certaine et qui font au mieux, en fonction du contexte local et des moyens qui leur sont donnés. S’ils jugent que les besoins des élèves qui leur sont confiés sont l’hétérogénéité et la coopération entre pairs, ils agiront ainsi.

Le PACTE, fausse solution au vrai problème du remplacement

Concernant les pactes, lors de l’année 2023-2024, 30 % ont été donnés à Lille pour effectuer des RCD. En 2024-2025, le nombre de pactes par établissement attribué par le MEN a diminué, et ils sont plus prescriptifs comme vous avez pu le constater sur les notifications, l’objectif étant d’augmenter le taux d’efficacité sur les heures de cours non remplacées. Le pacte 2024-2025 devrait même évoluer pour permettre aux enseignants pactés de se positionner sur du remplacement long.

Le SNUPDEN-FSU a indiqué que le problème du remplacement concernait avant tout le non-remplacement des longues absences, y compris les congés de droit annoncés à l’avance, faute de personnels et de recrutements à la hauteur des besoins. Les derniers résultats du CAPES/T sont d’ailleurs très inquiétants car ce sont environ 700 postes qui n’ont pas été pourvus encore cette année et qui s’ajoutent au déficit des années précédentes. Le pacte ne va pas résoudre les absences quand le poste de technologie reste vacant et que les heures sont effectuées en espagnol ou en SVT. Les métiers de l’EN doivent être revalorisés, enseignants et PERDIR y compris, car même le concours PERDIR perd des candidats (environ 20 %) et des lauréats démissionnent après calcul de leur reclassement en raison du manque à gagner en tant qu’actifs (pas d’heures sup, d’IMP, de pactes, de classe exceptionnelle sauf cas encore trop rares) et en tant que retraités (les primes ne comptent pas pour la retraite).

ATTENTION : lors de la visio sur les Pactes 2024-2025, il a été annoncé que les pactes non consommés au 12 janvier seraient repris (STS Web sera fermé le 12 janvier). Une campagne de réabondement est prévue du 31/01 au 7/02 et du 28/03 au 4/04.

Lors de notre audience, nous avons obtenu que la prime de 1000 euros soit attribuée à une PERDIR au parcours « accidenté » et qui ne l’avait pas touchée en raison de ce parcours. La régularisation se fera sur la paie d’août.

Mutations – Promotions : non à l’opacité des opérations !

Nous sommes ensuite intervenus sur la difficulté à obtenir la Hors-Classe dans l’académie (en moyenne, il faut 17 ans de PERDIR dans le 59), alors notre métier est souvent une 2nde carrière et que les revalorisations des enseignants font que les chefs d’établissement ont un salaire de plus en plus inférieur à ceux des professeurs, malgré les responsabilités et les missions de plus en plus nombreuses que sont les nôtres (avec la généralisation de la hors-classe et bientôt de la classe exceptionnelle, l’indice 830, indice du 10ème et dernier échelon des PERDIR, et ). Nous revendiquons un alignement des quotas sur ceux des corps d’inspection (12 % pour nous contre 30 % pour eux) et un barème pour assurer la transparence de l’attribution des promotions.

Côté mutations : cette année, l’académie de Lille a connu « un petit mouvement » (moins de 5 % de mutations au 1er tour). La question des intérims se pose aussi : des chefs qui prennent un intérim ne comprennent pas toujours qu’ils ne soient pas maintenus dans le cadre du mouvement, alors qu’ils viennent parfois pour résoudre une situation de blocage. Il y a aussi des « promesses » (ou des propos interprétés comme tels) qui sont faites dans le cadre des entretiens mobilité menés par les DAASEN. Le ressenti est qu’il y a beaucoup de désillusions, et pas d’explications données aux candidats malheureux.

Nos interlocuteurs nous répondent que beaucoup de PERDIR de l’académie ne sont pas mobiles et font des vœux géographiques restreints, attendent très souvent 7-8 ans avant de se résoudre à participer au mouvement. Quant aux intérims, le MEN confirme rarement les intérimaires sur les postes, car l’intérim pourrait alors être interprété comme un moyen de forcer les mutations.

Cette année, il y a eu 300 candidats pour 60 postes. La plupart des demandes sont faites sur des postes de chefs et pas d’adjoints. Il ne faut pas hésiter à appeler le DEPA en amont pour des conseils dans la stratégie, et en aval pour avoir des explications en cas de résultat négatif.

Nous sommes également intervenus sur le nombre limité de femmes qui obtiennent des postes de chefs pour de « gros » établissements. Le secrétaire général assure que Mme Le Recteur (qui valide le projet lillois) est attentive à cette donnée.

« Revalorisation » des PERDIR – RIFSEEP

Pour l’heure, l’arrêté devant officialiser le RIFSEEP n’est toujours pas signé. Il devrait donc difficilement être mis en place pour septembre, malgré les promesses ministérielles. Cependant, il y aura un effet rétroactif.

ATTENTION : les documents de travail en notre possession (le SNUPDEN-FSU siège en CSM) confirment que le RIFSEEP est une revalorisation en trompe-l’œil puisqu’il s’agit pour la plupart des agents d’une transformation des indemnités déjà existantes (IF2R) en indemnités RIFSEEP. Les opérations de transfert pourraient même conduire à un décalage entre la suppression de l’IF2R et son remplacement par la prime RIFSEEP, donc à un mois (voire plus ?) avec de l’argent en moins sur la paie. Même si la différence sera rétablie ultérieurement, la surprise serait mauvaise si c’était effectivement le cas !

Nous en avons profité pour demander que les collègues qui subiraient des régularisations d’avantages en nature soient informés du calendrier des retraits, puisque là aussi, les surprises ont été mauvaises pour certains d’entre nous.

Des moyens pour fonctionner !

Nous avons enfin dénoncé les situations d’établissements sans adjoints (comme à Martha Desreumaux ou Jean Zay à Lille), le manque de CPE, la diminution des moyens en AED et la suppression des dotations académiques en HSE pour ces derniers (M. PIERRE devait interroger les services à ce sujet). Les pactes ne peuvent être touchés que par les enseignants ou les CPE et nos enveloppes en HSE ont fondu : comment rémunérer les AED, les AESH ou les personnels administratifs qui veulent s’impliquer dans des dispositifs comme « devoirs faits » ?

Le SNUPDEN-FSU 59-62 vous souhaite de bonnes vacances et vous donne rendez-vous à la rentrée