Le ministre de l’Éducation Nationale préfère une enquête d’opinion du CSA au dialogue avec les organisations représentatives de la communauté éducative !!!
Mercredi 4 octobre, aux alentours de 9h, le Ministère, en partenariat avec un institut de sondage, a adressé le message suivant sur les boîtes mail des établissements : « Une enquête pour recueillir votre expérience »,
Madame, Monsieur,
Le Ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse a mandaté l’Institut CSA afin de réaliser une enquête d’opinion auprès des parents, des enseignants et des chefs d’établissement sur leur perception de la rentrée 2023 et de manière plus générale du système éducatif français. Nous vous proposons en tant que chef d’établissement de participer à cette enquête en répondant à un questionnaire. »
Alors on se questionne : pourquoi mon établissement et puis pas un autre ? On en parle aux collègues, mais ils n’ont pas eu la chance d’être dans cette boucle. Quand on choisit de cliquer sur « Répondre », on ne sait pas si les parents et les enseignants ont rigoureusement reçu les mêmes questions. Sans doute pas, parce qu’en répondant à certaines questions, il semble que le sondage ne présente pas nécessairement les mêmes pages et donc les mêmes questions.
Au-delà de cet aspect logistique, ce mode de communication interroge. Gabriel Attal vient prendre la température du système éducatif, avec des questions qui laissent perplexe. Comme par exemple, celle sur « la capacité du ministre d’exercer ses responsabilités », ou bien cette autre question « pour savoir si les chefs d’établissement seraient prêts éventuellement à participer à des mouvements sociaux », ou bien encore estimer « si l’Éducation nationale a vécu de profondes transformations depuis 2017 » ou bien encore « notre sensibilité politique » (dernière question de l’enquête).
Au fur et à mesure que les questions défilent, une sorte de malaise s’installe. On chercherait à nous faire comprendre que de grands mouvements se préparent pour l’Éducation Nationale elle-même qu’on ne s’y prendrait pas autrement. A quoi faut-il s’attendre ? Chercher à y répondre, c’est un peu comme se questionner sur le réchauffement climatique. On voit venir le pire, mais on ne sait pas tout à fait quoi. Sinon que la question de l’Éducation, la capacité du ministre à la transformer encore, malgré la souffrance actuelle des personnels, sera un enjeu majeur de la prochaine campagne pour les Présidentielles. Et l’on se dit qu’avec la succession des suppressions de postes, y compris ceux des personnels de direction (si si, ça existe !), la précarisation des contractuels, la pression qui s’exerce à tous les étages, le plus dur actuellement à vivre, c’est bien la chute. Et l’on a bien envie aussi de fermer les yeux pour ne pas trop subir l’atterrissage. Mais à quoi bon ? Il faut garder les yeux ouverts, bien regarder, serrer les coudes avec les collègues, espérer la retraite pour les plus chanceux.
Une dernière chose encore : sonder directement les personnels et les parents, n’est-ce pas une nouvelle fois passer par-dessus les corps intermédiaires que sont les syndicats ? Dans un tel contexte quelle part pour le dialogue ? En quoi l’expertise de l’Inspection générale est-elle prise en compte ? Viserait-on à démontrer que notre ministère est un lieu d’expérimentation politique qu’on ne s’y prendrait pas autrement.
Pour le snU.pden FSU, l’avenir du système éducatif passe par des échanges avec toute la communauté éducative à travers les organisations syndicales ou associations représentatives.
Le bureau national
Bobigny, le 5 octobre 2023