L’article 1 de la loi mensongèrement intitulée «Loi pour une école de la confiance» constitue à lui seul le symbole de la défiance de l’actuel Gouvernement à l’encontre de ses personnels. Au lieu d’engager de véritables échanges constructifs avec les personnels et leurs organisations représentatives, au lieu de maintenir et renforcer les pouvoirs et missions des instances partiaires, le Gouvernement instaure un article de loi qui peut amener à restreindre la liberté d’expression des personnels de l’Éducation Nationale.
Certaines images liées à la répression des dernières manifestations ont marqué les esprits par leur violence symbolique. Toute forme de violence est condamnable, celle de l’État, légitime quand utilisée à des fins de protection des biens et des personnes, condamnable quand elle vise à réduire l’engagement revendicatif des acteurs sociaux.
Les personnels de direction pourront être les premiers à subir les conséquences dommageables de cet article de loi, d’autant plus dans un contexte politique dans lequel les forces populistes ou extrêmes acquièrent un pouvoir grandissant.
Le snU.pden-FSU exige le retrait de ce premier article, le statut des fonctionnaires suffisant à spécifier les droits et obligations de chacun des agents de l’État.
L’introduction des « établissements publics des savoirs fondamentaux » regroupant les classes de la petite section de maternelle jusqu’à la fin du collège introduit un statut différencié des collèges qui peut conduire à une école à deux vitesses. Alors que le collège unique n’a pas achevé sa mutation pour permettre une réelle égalité d’accès aux savoirs et à la poursuite d’études, ce nouveau type d’établissement scolaire peut faire craindre la construction d’une école du socle qui serait limitée aux fondamentaux, quand celles et ceux qui en ont les moyens, bénéficieront eux de contenus plus importants
Crainte renforcée par l’introduction de la scolarité à 3 ans qui, au-delà de la portée symbolique positive, aura surtout comme premier effet de renforcer le subventionnement de l’école privée sous contrat par les collectivités locales, renforçant ainsi les ségrégations sociales déjà fortement marquées entre écoles.
Enfin, l’abandon d’une instance indépendante d’évaluation, pour le remplacer par une instance soumise au Ministère, avec la conséquence bien peu masquée de renforcer la concurrence entre établissements. L’Éducation Nationale a besoin d’une évaluation réalisée par un organisme indépendant de toute influence politique, non pas pour classer, comparer ou choisir mais pour construire la réflexion collective et élaborer les politiques éducatives, avec les organisations représentatives des personnels, sur une base reconnue et acceptée de tous.
Le climat dans lequel se déroulent les discussions à l’Assemblée Nationale de cette loi et les propositions d’amendements : drapeau, uniforme, Marseillaise… ainsi que les réponses apportées par le Ministre Blanquer sont tout autant nauséabonds. Alors que les mouvements revendicatifs actuels montrent la nécessité de développer une école qui forme au débat, à la pensée critique, qui permette à chaque élève de construire son émancipation, les échanges à l’Assemblée Nationale reflètent une réflexion superficielle et aux buts contraires aux finalités émancipatrices et porteuses de volonté de permettre à notre système éducatif l’accès à la réussite pour chaque élève. Le retrait de moyens au second degré, la réforme du lycée et de l’accès à l’enseignement supérieur, la réforme de la voie professionnelle renforcent le poids ségrégatif des politiques éducatives menées par l’actuel gouvernement.
Le snU.pden, avec la FSU, propose d’autres orientations pour une politique éducative qui permette :
- la réussite de chaque élève,
- la reconnaissance du travail et la valorisation de chaque personnel, notamment par une revalorisation des rémunérations et une amélioration des conditions de travail,
- le fonctionnement démocratique des établissements,
- l’attribution de moyens conformes aux objectifs fixés.
Ces conditions remplies, alors « l’école de la confiance » pourra être développée. Ce n’est pas la direction que prend l’actuel Gouvernement.
Le bureau national
Le 13 février 2019