Suite aux déclarations du Ministre de l’Éducation Nationale Jean-Michel Blanquer fin octobre, qui affirmait « un personnel de direction « dédié » sur les enjeux de sécurité sera nommé pour les établissements qui le nécessitent », les personnels et élèves du lycée Utrillo ont découvert lundi 5 novembre un nouveau personnel de direction dans leur établissement. Cette nomination est officiellement la conséquence directe des phénomènes de violences qui avaient eu lieu l’an passé, en particulier aux abords de ce lycée. Il s’agirait d’un personnel en détachement suite à une carrière dans un autre ministère. Cette arrivée amène à de nombreux questionnements :
- Alors que l’ensemble des personnels du lycée Utrillo réclamaient des moyens humains supplémentaires dans les domaines éducatifs et socio-médicaux notamment, sans succès, un personnel de direction a été nommé, manifestement sans concertation avec les équipes. Alors que chacun sait la nécessité d’équipes soudées et de décisions concertées et comprises par les personnels pour permettre de réelles améliorations au sein des établissements, ce type de décision va à l’encontre des principes qui peuvent mener à la réussite.
- Les personnels en détachement dans notre fonction prennent leur poste à la rentrée scolaire de septembre, ici la nomination aurait eu lieu pour la rentrée des congés de la Toussaint. Ceci signifierait qu’il y aurait eu une commission spécifique (article L4139-2 du code de la défense) ou s’agit-t-il d’une décision ministérielle ?
- Le personnel recruté l’est sur la base de son « expertise dans le domaine de la sécurité » ( d’après le DASEN de Seine ST Denis): ceci signifierait que nos missions seraient revues et étendues à de nouveaux champs ? Définis par qui ? Dans quels cadres ? Avec quel dialogue paritaire ? De plus, s’il n’exerce pas à temps plein dans son établissement d’affectation, il semble difficile pour lui d’acquérir les savoirs nécessaires à son nouveau métier qui vont au-delà de ses compétences passées.
Les relations entre les établissements et la Police /gendarmerie ont considérablement évoluées ces vingt dernières années avec un renforcement de partenariats, dans le respect des prérogatives de chacun.
Cette nomination d’un proviseur adjoint supplémentaire au lycée Utrillo inquiète légitimement les personnels de l’Éducation nationale, les parents et les élèves car il n’y a plus de frontière perceptible entre les fonctions de police et éducatives. Or, c’est bien l’éducatif qui doit prévaloir au sein des établissements scolaires.
Suite à une circulaire de 2006, à la demande des personnels de direction et après saisine du CA , la présence de policiers en tenue était possible dans les EPLE. En 2010, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, dans certains établissements « difficiles », avait été expérimentée la présence de « policiers référents » . Cette présence n’a pas changé les choses. Par contre a été accentué le besoin de plus de présence humaine : personnels d’éducation, et médico-sociaux notamment. Ce sont ces demandes que les personnels du lycée Utrillo portent aujourd’hui et qu’il serait bon que le ministre et ses relais académique entendent.
Face à la violence qui entre dans nos établissements, seule une politique mettant en place des moyens humains, moyens déterminés en concertation avec l’ensemble des personnels, permettra de ramener la sérénité nécessaire aux études de nos élèves.