Parcoursup : généralisation de la sélection

Depuis le 22 janvier 2018, la plate-forme de préinscription et d’affectation des bacheliers dans l’enseignement supérieur est accessible à tous les lycéens de terminale. Censée améliorer le taux d’affectation et permettre l’abandon du recours au tirage au sort dans les filières en tension, cette plate-forme aura pour principale conséquence de généraliser la sélection dans la quasi-totalité des formations, et d’imposer aux responsables des formations des procédures bureaucratiques.

Le snU.pden-FSU appelle l’ensemble des personnels de direction à éviter de porter tout avis qui nuirait à l’accès du futur étudiant à la formation de son choix

LA LOI VIDAL EST UNE LOI DISCRIMINANTE ET AUSTÉRITAIRE :

POUR RÉUSSIR LES PROCHAINES RENTRÉES, LE GOUVERNEMENT DOIT LA RETIRER ET INVESTIR !

La loi Vidal, dite loi pour l’« orientation et la réussite des étudiants » (ORE), a été adoptée le jeudi 15 février par le Sénat et l’Assemblée nationale. Contrairement à sa dénomination, cette loi restreint et contraint l’orientation des bacheliers et, faute de moyens suffisants, elle risque de ne pas favoriser leur réussite !

Les débats parlementaires ont aggravé le projet de généralisation de la sélection à l’entrée à l’université et le gouvernement a même fait voter un amendement de dernière minute qui limite l’accès des bacheliers à l’algorithme et au cahier des charges de la plate-forme nationale. Si des algorithmes locaux sont utilisés pour trier les dossiers, la loi ne prévoit pas d’en divulguer les codes. Les capacités d’accueil fixées par les recteurs devront prendre en compte les perspectives d’insertion professionnelle des filières, alors même que personne n’est en mesure de prévoir les emplois, trois ans à l’avance. De plus, les missions de l’Université ne se bornent pas à former des étudiants « prêts à l’emploi » dans une branche donnée, mais consistent avant tout à développer des compétences transversales, l’esprit critique, la démarche scientifique, ainsi qu’à conserver, développer et remettre en question les connaissances qui fondent notre culture et notre démocratie.

Alors qu’avec le « baby-boom » du début des années 2000 nous devrions accueillir 200 000 étudiants de plus au cours des 5 prochaines années, dont 40 000 étudiants de plus à la rentrée prochaine, la Ministre ne prévoit d’ouvrir que 22 000 places supplémentaires en 2018, financées à seulement 50% par des moyens réellement alloués. Le manque de places dans les établissements et les vœux non hiérarchisés des lycéens sur Parcoursup vont mécaniquement entraîner des dépassements de capacité d’accueil pour un grand nombre de formations de premier cycle, les rendant de fait sélectives.

Ne pas offrir un nombre de places suffisant a pour seul objectif de contraindre les flux à l’entrée des formations supérieures, de forcer l’affectation par les recteurs des lycéens les moins « méritants » dans les places vacantes et d’écarter les bacheliers qui ne seront pas suffisamment conformes aux attendus des formations universitaires. Les parcours de réussite ne seront mis en place que dans les établissements qui ont gagné l’appel d’offre « nouveaux cursus à l’université », soit moins d’un établissement sur quatre. Les autres devront se contenter des dispositifs déjà existants ou devront étaler les cours sur une année supplémentaire et ainsi faire passer la licence de 3 à 4 ans.

Le snU.pden-FSU milite pour le retrait de cette loi discriminante, pour la poursuite de la démocratisation et pour l’émancipation et la réussite de toutes et tous. Nombreuses et nombreux sont celles et ceux qui, grâce à l’accès en licence sans condition autre que le baccalauréat se sont épanouis dans leurs études supérieures et ont trouvé leur voie dans la société. Au lieu de cela, la loi favorise l’ouverture de nombreuses officines privées qui font payer aux familles le prix de leur conseil pour l’orientation.

Notre jeunesse mérite au moins la même attention que celle accordée aux générations précédentes. Cela nécessite un investissement d’au minimum dix milliards d’euros sur dix ans. C’est un investissement à la portée de notre pays : exigeons le retrait de la loi « ORE » !

 

Le bureau national

Paris, le 15 mars 2018