18 octobre : journée de grève et d’actions pour la sauvegarde du lycée professionnel

Le snU.pden-FSU appelle l’ensemble des personnels de direction à soutenir et à participer aux actions organisées dans le cadre de la journée nationale pour la sauvegarde du lycée professionnel.

Deux motivations justifient cet appel :

  • L’opposition au projet de réforme de l’enseignement professionnel annoncé par le Président Macron, projet destructeur pour l’enseignement, notamment en LP ;
  • La transformation globale du système éducatif engagée par ce projet de réforme.

Pour la première motivation visant la sauvegarde d’un enseignement riche et ouvert en LP :

  • L’augmentation du nombre de semaines de PFMP, c’est le socle sur lequel s’appuie cette réforme. Le passage de 22 à 33 semaines en bac pro et de 12-14 à 18-21 en CAP revient à diminuer d’autant le nombre de semaines au lycée, donc le nombre d’heures disciplinaires.
  • En 2023, si le projet d’E. Macron aboutit, la préparation à un métier ne s’effectuera qu’en classe de 1re. Les élèves n’auront quasiment plus d’heures d’atelier puisque l’entreprise aura la charge de les « former » ! Qui peut croire qu’apprendre « sur le tas » des gestes professionnels constitue une formation sérieuse à un métier ? Faire croire que l’entreprise serait formatrice est un leurre. La réussite des élèves à l’examen et les poursuites d’études seront sérieusement compromises. Les conséquences seront aussi dramatiques pour les postes des PLP des disciplines professionnelles.
  • Certains secteurs d’activités (restauration, bâtiment, métiers de bouche…) sont désertés par les actifs du fait des conditions salariales et de travail déplorables. Plutôt que d’obliger le patronat à revaloriser les métiers et améliorer les conditions de travail, le ministère préfère instrumentaliser la formation professionnelle des jeunes sortant de 3e vers ces secteurs : les élèves n’auront donc plus réellement le choix de leur orientation. Il leur sera impossible de se former à un métier qui n’existe pas localement ou qui ne soit pas un métier dévalorisé. Leur mobilité future s’en trouvera alors limitée.
  • Côté PLP, avec la fermeture des filières dites « sans débouchés » et l’augmentation de la durée des stages, de nombreux PLP perdront leur poste. Où iront-ils enseigner ? Le président lui-même évoque déjà de nécessaires reconversions forcées, un plan social qui ne dit pas son nom. Pour le snU.pden et la FSU, la carte des formations doit évoluer dans l’intérêt général du pays au prisme des grands enjeux écologiques, de la prise en charge du Grand âge, de la nécessaire réindustrialisation, du numérique… Chaque jeune, quel que soit le lieu géographique de son domicile, doit pouvoir trouver la formation de son choix.

Concernant la seconde motivation, ce projet de réforme ouvre la porte à de nombreuses transformations régressives concernant les finalités même du système éducatif et de son organisation :

  • Ce projet constitue un recul sans précédent du service public d’Éducation. C’est l’abandon de toute ambition scolaire pour nos élèves. C’est aussi la transformation en profondeur du métier des enseignants que sont les PLP qui est en jeu. Alors que la voie professionnelle publique et scolaire forme des jeunes à des métiers et vise également des objectifs de formation générale, elle muterait pour devenir une voie de formatage à l’employabilité. Les PLP ne seraient plus enseignants mais formateurs. Cette réflexion doit également prendre en compte les premières annonces réalisées pour une future réforme du collège, dans laquelle la place des entreprises se verrait renforcée ainsi que l’acquisition des savoirs utilitaires.
  • La Présidence du Conseil d’administration des LP qui pourrait ne plus être assurée par le chef d’établissement nous inquiète tout autant. Imaginons un instant les conséquences dans le nouveau cadre des LP que la présidence du CA soit assurée par un représentant du patronat. Chacun peut mesurer la profonde transformation qui pourrait en découler et les conséquences directes pour les personnels de direction. L’imposition de l’ordre du jour, l’animation et l’orientation des débats préalables aux prises de décisions du CA entrainerait de fait un positionnement du chef d’établissement dans sa fonction de mise en œuvre des décisions du CA au détriment de la détermination des axes politiques.
  • Le renvoi de la ventilation du volume d’enseignement général au niveau local est une remise en cause même du caractère national des diplômes professionnels. Les élèves n’auront plus accès à une formation nationale et ne seront plus à égalité devant leurs épreuves à l’examen ! Le snU.pden-FSU FSU est fermement attaché au principe d’égalité de notre école républicaine et revendique le maintien d’une grille horaire nationale pour toutes les filières professionnelles et le maintien des diplômes nationaux. Ce même principe de déréglementation des horaires a également été évoqué dans les premières annonces de réforme du collège. Au-delà du principe très contestable de cette déréglementation par la remise en cause de l’égalité de traitement de chacun sur le territoire, les conséquences et termes de mise en concurrence des établissements, de difficulté à maintenir les principes d’une carte scolaire, du fait d’une offre de formation fondamentalement différente d’un collège à l’autre serait désastreuse. Nous rentrerions alors dans la mise en œuvre renforcée du principe du clientélisme basé sur l’offre et la demande. De cela le snU.pden-FSU ne veut pas, que ce soit pour l’enseignement professionnel ou le collège.
  • C’est aussi la remise en cause de la dimension émancipatrice de la formation des jeunes à laquelle participent toutes les disciplines. Cette crainte sur les finalités éducatives n’est pas non plus sans lien avec la finalité de la réforme du collège annoncée. Quelle est la finalité de l’éducation de la jeunesse de notre pays qui sera définie par la représentation nationale ? Les évolutions sociétales de ces dernières années, la formation du citoyen dans un monde de plus en plus complexe, exige une formation qui donne la possibilité à tout jeune d’accéder à des savoirs et des compétences qui lui permettent un haut niveau de réflexion, l’accès à une pensée autonome pour exercer pleinement sa citoyenneté dans un monde dans lequel l’information, les réseaux sociaux, les enjeux internationaux, écologiques, le plein exercice de la démocratie, nécessitent une pensée complexe.
    Ce n’est pas une finalité exclusivement utilitariste de la formation scolaire qui permettra à la jeunesse d’accéder à cette forme de pensée émancipée.

Pour ces raisons, défense de l’enseignement professionnel en LP et développement d’un système éducatif ambitieux pour la jeunesse, le snU.pden-FSU appelle les personnels de direction à soutenir la journée d’action du 18 octobre et à y participer activement, par la grève ou toute autre action en fonction des organisations locales.

Le Bureau national

Paris, le 12 octobre 2022