Éducation Nationale, la grande braderie

11 juillet 2022

Cette année scolaire 2021-2022 a été de nouveau marquée par de fortes remises en cause des fondations de l’Éducation Nationale.

La politique menée à l’encontre de l’enseignement professionnel en constitue le paradigme. En plaçant la ministre déléguée à l’enseignement professionnel, Carole Grandjean, sous la double tutelle du ministre du Travail et du ministre de l’Éducation Nationale le gouvernement démontre sa volonté de développer les objectifs d’employabilité immédiate au détriment de l’apport d’une culture commune riche, diversifiée et émancipatrice. L’équilibre entre enseignements généraux et professionnels permettait notamment des poursuites d’études pour toutes et tous. Ce renoncement est aussi dangereux pour l’avenir d’une partie de la jeunesse, le plus souvent issue des milieux populaires, qui voit son parcours scolaire instrumentalisé pour répondre aux besoins économiques locaux. C’est donc un message terrible adressé à la jeunesse, et en particulier à la jeunesse populaire accueillie dans les lycées professionnels : le droit à l’éducation et à la formation est ainsi menacé.

Ce même raisonnement pourrait être mené au sujet des orientations données dans le cadre de la scolarité obligatoire, école et collège, du fait de la réduction des apprentissages, rappelée par la Première ministre, à des savoirs dits fondamentaux. Ce choix équivaut à une vue étriquée des acquisitions des élèves et des modalités de leurs acquisitions.

La problématique du recrutement est tout aussi cruciale. Le bilan dramatique des derniers concours interroge la pérennité même du système. Le chaos organisé par l’absence de réelle revalorisation des métiers de l’Éducation Nationale associée au blocage du point d’indice pendant de longues années et à la dégradation continue des conditions d’exercice constituent deux éléments explicatifs de ce phénomène. La solution n’est pas dans le renforcement de la contractualisation mais bien dans la revalorisation des métiers et l’amélioration des conditions de travail.

Enfin pour le corps des personnels de direction, la hiérarchisation des relations entre chef d’établissement et chef d’établissement adjoint ainsi que l’autorité fonctionnelle des collectivités territoriales sur les gestionnaires de collèges et de lycées associé au pouvoir d’instruction de la collectivité va enclencher des bouleversements profonds tant pour les personnels, les équipes que les établissements. Les équilibres, parfois précaires, sont rompus. Ce ne sont pas les gains indemnitaires qui ont été mis en balance et de fait acceptés par les syndicats majoritaires de notre corps qui permettront de faire oublier ces terribles décisions.

Une embellie est-elle envisageable pour la prochaine année scolaire ? Les annonces gouvernementales ne la préfigurent pas. Si la nomination du Ministre Pap Ndiaye a pu créer quelques espoirs, ceux-ci se sont rapidement évanouis, le Ministre se plaçant dans le continuité politique de son prédécesseur et la composition de son cabinet lui laissant bien peu de marge de manœuvre. Ses premières déclarations symboliques sur l’extension de l’expérimentation marseillaise avant toute réelle évaluation donnent le ton ! Le déblocage du point d’indice pour une augmentation de 3,5%, bien en deçà des 10% que nous estimons indispensables à un réel rattrapage du blocage du point pendant de longues années

Alors comment agir pour retrouver des orientations porteuses d’espoir pour les personnels de l’Éducation Nationale et la jeunesse de notre pays ?

La majorité relative du groupe présidentiel obtenue à l’Assemblée Nationale nécessitera de trouver des équilibres qui puissent permettre aux textes législatifs d’être votés. Pour permettre aux points d’équilibre d’être déplacés dans un sens favorable aux personnels et aux élèves, l’instauration d’un rapport de force sera nécessaire dans le cadre de la FSU et des recherches de convergences au sein des Fonctions publiques.

Pour le créer, un syndicat qui porte des positions claires, sans double discours, un syndicat qui n’accepte pas les compromissions et les atteintes aux fondements mêmes de de nos fonctions, c’est de ce type de syndicalisme dont ont besoin les personnels de direction. Le snU.pden-FSU est ce syndicat.

 Les élections professionnelles du 1er au 8 décembre 2022 constitueront une étape essentielle de la construction d’un rapport de force qui nous permette de sortir du marasme actuel, qui nous permette de retrouver la fierté de présenter et d’assumer des perspectives ambitieuses pour l’Éducation Nationale, ses élèves et ses personnels.

Nous aurons pour cela besoin que les personnels de direction portent en masse leurs suffrages au snU.pden et à sa fédération la FSU.

Cette année nous a énormément sollicités, nos conditions de travail ont continué à se dégrader. De nombreuses tâches restent encore à accomplir pour la préparation de rentrée 2022, tâches qui réduiront d’autant la durée des congés pour nombre d’entre-nous.

Dans ce contexte difficile, le snU.pden-FSU vous souhaite de bonnes vacances et sera heureux de vous retrouver à la rentrée.

Igor GARNCARZYK
Secrétaire général snU.pden-FSU

Paris, le 11 juillet 2022