Le possible scandale du financement du syndicat Avenir Lycéen, révélé par Médiapart et Libération, et face auquel le ministre Jean-Michel Blanquer, sans répondre sur le fond, affiche son mépris, appellent un certain nombre de réflexions.
Dans d’autres circonstances, on aurait vu des ministres répondre qu’ils démissionnaient afin de préparer leur défense. Dans d’autres pays européens, ce serait déjà le cas. Mais là, pas du tout. Nous faisons face à un ministre qui dénonce les attaques de « l’ultra gauche » et sous-entend la mise en place d’un complot. Les faits, expliqués et dénoncés par deux journaux exigent pourtant des réponses claires tant ils sont inquiétants sur le contrôle des fonds publics et le mode de gouvernance actuel du ministère de l’Éducation Nationale. Pire, cette défense jette un profond discrédit sur un ministère pourtant symbole ordinaire de ce que représentent une démocratie et un état de droit. Le résumé pour le Ministre, c’est que tous ceux qui ne pensent pas comme lui, ou pire le contredisent, sont issu de l’ultra gauche et sont, eux les véritables manipulateurs…
Cette réponse du ministre, associée à des actes très autoritaires (sanctions prononcées à l ‘égard d’enseignants ayant fait usage de leur droit à la grève, déplacement de collègues personnels de direction au lycée François Mauriac à Bordeaux, nouvelles sanctions demandées contre des enseignants du même établissement) instaure un climat délétère. « L’école de la confiance », voilà un beau slogan dont nous constatons chaque jour un peu plus la vertu programmatique : de la communication pour faire joli et surtout la construction d’un mensonge permanent.
Va-t-on nous dire que l’on exagère ? Les raisons de notre inquiétude sont réelles et elles débordent le cadre de l’école : loi de transformation de la Fonction Publique, état d’urgence sanitaire avec la restriction des libertés individuelles, loi sur la sécurité globale et la restriction des libertés et, entre autres, de la liberté de la presse. Autant de dérives autoritaires du pouvoir en place, qui commencent à être dénoncées y compris dans les rangs de La République en Marche (témoignage de Nathalie Sarles, députée de Roanne).
Notre rôle de syndicat est de dénoncer ces actes et de faire prendre conscience à la profession qu’une autre vision politique est indispensable pour permettre à l’Éducation Nationale de retrouver son rôle d’émancipation.
Samuel Lautru
Secrétaire national adjoint du snUp.den-FSU