Bac 2019. Les personnels de direction ont-ils obéi à un ordre illégal ?

Le ministre a écrit à tous les personnels de direction vendredi 5 juillet.

Dans son message il nous fait part de propos forts et avec une phrase que le snU.pden-fsu approuve totalement : « Une fois encore, vous avez incarné les valeurs de notre République en préservant l’espace scolaire des emprises de tous ordres. »

Oui ! Représentants de l’Etat, nous sommes les représentants des valeurs de la République. Nous ne sommes pas les représentants d’un gouvernement ! Nous respectons évidemment la démocratie et un des mandats de notre syndicat est de la faire vivre au sein de nos établissements. Mais ce qui s’est passé ces derniers jours mérite que l’on se pose et que l’on réfléchisse au sens de ce que nous avons fait dans les lycées pour le bac et de ce que nous faisons pour faire fonctionner au mieux nos établissements. Les propos syndicaux qui suivent ne concernent que notre profession.

Le ministre nous a fait savoir, d’abord par voie de presse, que si nos jurys ne disposaient pas des notes de certaines épreuves du bac, il convenait de prendre celles du « contrôle continu ».

Le terme « contrôle continu » se veut faire référence au contrôle continu existant pour le bac pro par exemple. Il est question là par contre des moyennes des trois trimestres de l’année et il n’a jamais été fait mention dans le bac 2019 de prise en compte d’un quelconque « contrôle continu. »

Qui peut dire dans l’histoire de notre démocratie qu’un jour, un ministre seul a décidé de changer les règles ainsi en cours de partie, induisant ainsi l’iniquité d’un examen national ?

Nous avons tous essayé de faire le maximum pour que nos élèves, leurs parents…puissent avoir accès aux résultats du bac 2019, de la même manière que nous avions tout fait pour que les épreuves se déroulent au mieux.

Mais il convient de se poser quelques questions sur ce que nous avons mis en place (sous avec les pressions des IA-IPR et DASEN comme il se doit et notre volonté de tout faire fonctionner envers et contre tout, comme d’habitude) :

  • Des élèves ont été recalés avec les notes de « contrôle continu » alors qu’avec leur note aux épreuves, ils sont admis.
  • Des élèves ont été recalés avec les notes de « contrôle continu » alors qu’ils sont admissibles aux épreuves du second groupe. Ils n’ont pas pu réviser pendant le week-end comme d’autres pour se préparer au rattrapage.
  • Des élèves sont déclarés refusés alors qu’ils devraient avoir leur bac et sont écartés pour l’instant de parcoursup.
  • On ne parlera pas de ceux admis du premier coup ou au rattrapage alors que leurs véritables notes ne le leur permettent pas.

Nous savons tous quelles sont les obligations des fonctionnaires : « Tout fonctionnaire doit se conformer aux instructions de son supérieur hiérarchique, sauf dans le cas où l’ordre donné est manifestement illégal et de nature à compromettre gravement un intérêt public. »

Evidemment , nous ne sommes pas dans le cas de gendarmes mettant le feu sous l’ordre d’un préfet comme on l’a vu il y a quelques années en Corse et qui ont été condamnés comme il se doit…

Mais qui peut affirmer que nous avons agi en toute légalité dans le cadre des valeurs de la République ?

Nous laissons à chacun (e ) le temps de la réflexion…

Ce lundi 8 juillet auront lieu les épreuves du second groupe. Chacun (e ) doit réfléchir à ce qu’on nous demande de faire…

Quelques jours avant les vacances le Ministre nous a fait parvenir à tous ses remerciements pour cette année scolaire écoulée et il nous a souhaité de bonnes vacances…ainsi qu’une bonne préparation de rentrée…C’est vrai que cette année a été particulièrement difficile et que les vacances vont être les bienvenues …Enfin, des vacances…amoindries par la complexité des emplois du temps à réaliser par les proviseurs-adjoints en raison des alignements multiples avec les différentes spécialités pour les classes de première…

On nous en demande de plus en plus…

Jusqu’où accepterons-nous de nous plier à ces injonctions qui sont même contradictoires avec les valeurs dont nous sommes censés être les garants ?

Paris, le 8 juillet 2019

Le bureau national