La période que nous vivons nécessite bien évidemment un réaménagement exceptionnel des épreuves d’examen. Les baccalauréats (première, terminale, général, technologique et professionnel) tout comme le DNB sont concernés.
Le ministre de l’Éducation Nationale a annoncé des prises de décision pour la fin de semaine. Nous souhaitons que ses déclarations permettent aux personnels, aux élèves et aux familles de construire le cadre dans lequel l’aménagement des épreuves sera réalisé. Dans le contexte incertain dans lequel nous sommes, nous souhaitons que les décisions prises facilitent la préparation des épreuves et n’orientent pas sur de fausses pistes, tel que cela avait été le cas lors des déclarations du ministre Blanquer sur la stratégie de non fermeture généralisée des établissements scolaires.
Quelques principes doivent guider les prises de décisions pour l’ensemble des examens, notamment les baccalauréats et le DNB :
- L’égalité de traitement des candidats, l’égalité républicaine est un principe intangible, base de notre système certificatif national. L’ensemble des adaptations nécessaires doit être bâti autour de ce pivot.
- La période de confinement ne peut être considérée comme une période d’enseignement. La « continuité pédagogique » rêvée par le ministre, sans prise en compte des réalités de terrain, se heurte à de nombreuses difficultés, creuse les inégalités sociales et scolaires, tient quasiment de l’impossible pour certaines sections. Ce constat doit être clairement énoncé et pris en compte pour les mesures d’adaptation des épreuves.
- Le baccalauréat (ainsi que le DNB) doit rester un examen à valeur nationale, passé dans des conditions identiques sur l’ensemble du territoire national. La deuxième session d’E3C devient dans ce contexte un non-sens. Son annulation doit être dès maintenant annoncée.
- Pour le maintien
de la valeur nationale des baccalauréats, des épreuves terminales,
aménagées, sont indispensables. Ces adaptations doivent prendre en compte
les conditions réelles d’enseignement pendant cette année scolaire, la réalité
du calendrier scolaire tel qu’actuellement en vigueur et les capacités
d’organisation dans les centres d’examen.
En fonction de la date de réouverture des établissements, une simplification des épreuves doit être envisagée. Une réduction du champ des programmes doit aussi l’être pour s’assurer que les épreuves ne portent que sur des éléments de programmes abordés pendant des temps d’enseignement dans les salles de cours, face à des élèves et des enseignants physiquement présents. - Les aménagements dans ce contexte de pandémie ne doivent pas prévaloir sur le droit commun au-delà de la sortie de crise. Il sera alors nécessaire de revenir, pour l’Éducation nationale comme pour le droit du travail ou les libertés individuelles, au droit commun. Le gouvernement ne doit en aucun cas profiter de cette situation pour accélérer des réformes refusées par une large majorité des professionnels et des citoyens.
Parcours sup, pour une moindre sélection sociale
Une attention toute particulière doit être portée aux modalités d’affectation dans l’enseignement supérieur dans le cadre de Parcoursup. Alors que les premiers bilans des nouvelles modalités d’affectation à la rentrée 2019 indiquent une plus grande discrimination sociale, une augmentation de 7% étant généralement avancée, alors que chacun s’accorde à reconnaître que la situation actuelle renforce les inégalités sociales, tant pour l’enseignement, quepour les procédures d’orientation, trois mesures nous semblent immédiatement indispensables :
- Le report de la procédure d’affectation Parcours Sup
- Que les modalités de classement soit corrigées pour minorer les facteurs corrélés à l’origine sociale
- Que des places supplémentaires soient ouvertes dans de nombreuses filières afin de permettre une moindre sélectivité
Paris, le 31 mars 2020
Igor Garncarzyk, secrétaire national