Des actes sans ambiguïté contre l’École et la Fonction publique
Alors que le nouveau gouvernement est nommé, nous dénonçons :
– La fusion du ministère des sports et de celui de l’Éducation Nationale
– L’absence d’un ministère de la Fonction Publique
La symbolique de la nomination d’une Ministre de l’Éducation Nationale ayant pour mission première l’organisation des Jeux Olympiques constitue une première marque de mépris de la part du Président de la république et du Premier ministre envers les personnels et les usagers de l’Éducation Nationale. Cette marque de mépris est renforcée lors de la première intervention de Madame la Ministre qui – par ses propos – dénigre le Service Public de l’Éducation Nationale et revendique sans complexe un système scolaire ségrégatif. La politique du Président Macron, avec plus de 8000 postes supprimés dans le second degré, a :
- créé les conditions de la vacance de postes, du non remplacement des absences, y compris celles prévues de longue date,
- dégradé les conditions d’apprentissage des élèves et les conditions d’exercice des personnels.
Madame la Ministre en constate les dégâts, non pour les combattre mais pour avancer des arguments de ségrégation sociale et scolaire. Scandaleux.
Mépris pour la Fonction Publique auquel il n’est pas accordé un Ministère alors qu’une loi qui peut profondément transformer les carrières et les conditions de rémunération des agents, est en préparation. Ce projet de loi devrait être mis en débat au parlement en février. Le fait de ne pas, dès la première définition du gouvernement, nommer un ministre pour la Fonction Publique marque bien le peu de considération de l’exécutif pour les agents publics et n’augure rien de bon sur les discussions à venir.
Une préparation de rentrée 2024 qui marque une profonde transformation des finalités du système éducatif
L’organisation du collège en groupes de niveau pour les disciplines français et mathématiques en 6e et 5e dès la rentrée 2024 puis pour l’ensemble des niveaux en 4e et 3e marque une profonde transformation des finalités de notre système éducatif. Lorsque nous y ajoutons la réhabilitation du redoublement comme source de solution à la difficulté scolaire, le quasi abandon des cycles et du socle commun de connaissances, de compétences et de culture, alors oui notre système éducatif sera profondément transformé.
Retour vers le passé, retour vers des modes d’organisation qui ont fait la preuve de leur inefficacité et de la création d’inégalités sociales très marquées. Nous retournons vers l’école de la ségrégation.
Au lieu de s’atteler à une véritable démocratisation du système éducatif, notre ministère fait sciemment le choix d’organiser le tri social. Les personnels de l’Éducation exigeront, lors de la journée d’action et de grève organisée le 1er février 2024, les moyens à mettre en œuvre pour notre système éducatif tant pour les usagers que pour les personnels des établissements scolaires.
Que dire du tour de passe-passe budgétaire ? Création à grands coups de communication médiatique de 2650 postes pour accompagner le dispositif, que nenni ! La réalité, c’est 2000 postes récupérés par la suppression de l’heure de soutien/approfondissement mise en place pour une année seulement, payée par la suppression de la technologie en 6e. Les 650 autres postes sont budgétés sur les postes non pourvus aux concours 2023 qui permettront de rémunérer les agents pour le premier semestre de l’année scolaire 2024-2025.
Des difficultés liées aux dotations et aux contraintes organisationnelles qui font fondre l’autonomie des collèges
Au-delà de ces critiques de fond, les collèges vont être confrontés à des contraintes comptables dans la répartition de la DHG et organisationnelles qui font fondre l’autonomie des EPLE.
En effet, la quasi-totalité de la part autonomie va être accaparée par les nouvelles organisations imposées et comme les moyens donnés sont très largement insuffisants, provoquer une dégradation pour les autres horaires (explosion des effectifs en groupes de langues, ou dans les classes, diminution, voire suppression de la LCA, de la LCE, etc. de tout ce qui était financé jusqu’ici sur la marge d’autonomie). Notons également, qu’à l’heure de la préparation des répartitions de DHG, aucun texte réglementaire n’encadre notre préparation de rentrée. Ce fut déjà le cas l’an dernier avec la suppression de la technologie en 6e. Les récents changements de ministre n’ont pas changé le mode de fonctionnement adopté depuis Jean-Michel Blanquer !
Les conséquences collatérales du dispositif n’ont pas non plus été envisagées. Comment trouver des professeurs principaux en excluant pour deux niveaux les professeurs de français et mathématiques ? Comment faire vivre positivement les groupes les plus faibles en fonction des caractéristiques des élèves qui les composeront ? Comment croire que le groupe des faibles va pouvoir rejoindre celui des plus forts, alors que les groupes de niveaux vont creuser les écarts ? Comment continuer à faire vivre le socle commun de connaissances, de compétences et de culture dans ces conditions ? …
Il est essentiel que les textes réglementaires soient publiés dans des temps qui permettent l’élaboration et la prise de décision dans un cadre collectif, en mobilisant les collectifs de travail et les Conseils d’administration. Une fois de plus, nous travaillons dans des conditions d’incertitude et d’insécurité réglementaire, le tout dans un contexte budgétaire extrêmement contraint. Nous ne pouvons pas l’accepter.
Des progrès à réaliser dans la gestion de carrière des personnels de direction
Si l’annonce du taux de passage à la hors classe à 21% ainsi que la création d’un nouvel échelon sommital sont deux points positifs, de nombreux points restent en suspens. Le blocage à l’indice 1124 pour le calcul de la retraite, l’absence d’amélioration de la grille indiciaire, l’accentuation de la part « prime » dans notre rémunération, l’absence de transparence dans les opérations de gestion de carrière (promotion, mutation) et d’attribution de la prime « résultats », autant d’éléments qui devraient évoluer pour permettre réellement d’améliorer la carrière des personnels de direction.
Notons que pour notre corps aussi, de moins en moins de candidats se déclarent intéressés par le concours : -22% entre 2019 et 2023 pour approximativement le même nombre de postes offerts.
Rappelons que nous réclamons, pour les opérations de gestion, l’établissement d’un barème (pour lequel vous trouverez une proposition sur notre site) afin que chaque personnel puisse se situer et connaître les raisons de l’obtention ou non d’une décision en sa faveur.
A contrario de notre demande, les perspectives annoncées par la prochaine étude de la loi présentée comme « « une réforme historique de la fonction publique », mettant l’accent sur le « mérite », sur l’individualisation des carrières, en renforçant l’arbitraire et en détruisant les logiques collectives sont extrêmement inquiétantes. Les personnels de direction devront se mobiliser et refuser ces orientations dont nous subissons déjà aujourd’hui les premières nuisances suite à la loi de transformation de la Fonction Publique.
Renforcer les solidarités, renforcer le traitement collectif, renforcer l’indiciaire au détriment de la prime, telles devraient être les voies d’une évolution positive pour la Fonction Publique et ses agents.
Malgré ce contexte difficile, le snU.pden-FSU est heureux de vous présenter ses meilleurs vœux pour l’année 2024, pour une année de Paix et de Solidarité, pour une École plus juste, pour une Fonction Publique plus forte, pour l’épanouissement et la sérénité de chacun dans ses fonctions et sa vie personnelle.
Igor Garncarzyk
Secrétaire général du snU.pden-FSU