Déclaration réunion de rentrée des cadres – 9 janvier 2024 (à 10 h, avant l’annonce que notre ministre devenait PM)
Madame le Recteur, Monsieur le DASEN, Mesdames et Messieurs en vos grades et qualités, cher-e-s collègues.
Tout d’abord, nous vous présentons tous nos vœux personnels et professionnels pour cette année 2024 qui débute sur les chapeaux de roue.
En effet, d’après votre circulaire de rentrée, nous devrions vous renvoyer les TRM pour le 9 février, alors que les dotations ne seront pas transmises officiellement avant le 19 ou 22 janvier.
Si les instances se tiennent aux dates prévues …
Mais avec 40 suppressions de postes dans le 2nd degré dans l’académie, une réforme très contestée des lycées professionnels, aucune création de poste de CPE et d’AED, une absence de dialogue social au niveau national, la suppression de fait de la formation continue, sans compter les probables annonces prévues en janvier, il n’est pas besoin d’être devin pour prévoir que les CSA et CSAD seront reportés.
Une nouvelle année débute donc, avec cependant l’impression d’un formidable bond en arrière, puisque parmi les nombreuses annonces faites ces dernières semaines, nous avons appris que le redoublement, ainsi que les groupes de niveaux, pourraient être rétablis.
Autant de dispositifs qui n’ont pas fait leurs preuves dans le passé, et qui seraient pourtant réintroduits malgré la quasi-unanimité des travaux des chercheurs sur la question.
J’utilise le conditionnel, dans la mesure où les infos passent toujours par les médias et que nous attendons toujours les textes officiels.
Pratique pour travailler alors que les délais sont très contraints et que nous avons de nombreuses incertitudes sur la mise en oeuvre des annonces ministérielles et présidentielles.
Pratique également – pour ne pas dire autre chose – pour les chefs d’établissement et les inspecteurs qui sont en première ligne dans les collèges et les lycées et qui vont devoir sortir les rames pour défendre en salle des professeurs le contraire de ce qu’ils devaient défendre jusque-là. Exit donc les compétences, retour aux notes. Comment être crédibles dans ces conditions ? Qu’en est-il de l’autonomie des établissements ? Qu’en est-il de notre autonomie à nous, cadres A devenus des exécutants chargés d’appliquer la doxa du moment ?
On savait que chaque nouveau ministre de l’EN arrivait avec sa réforme. Mais avec Gabriel Attal, nous entrons dans une nouvelle dimension, celle du mouvement perpétuel, avec l’impression que ce pourtant jeune et déjà ex-ministre est nostalgique d’un âge d’or qui n’a en réalité jamais existé.
La crédibilité des PERDIR passe par ce qu’ils ont à défendre en salle des professeurs, mais aussi par leur statut et … leur rémunération.
Nous sommes nombreux à être bloqués au dernier échelon de la classe normale, certains d’entre nous feront toute leur carrière de PERDIR au 10ème échelon, l’indice 830, ce qui correspond au 11ème échelon des agrégés et au 7ème échelon de la HC pour les certifiés.
Comment expliquez-vous les taux de passage à la hors-classe si faibles par rapport aux enseignants et à nos collègues inspecteurs ?
Comment expliquez-vous que la seule revalorisation que nous ayons eue l’an dernier soit non seulement inférieure à n’importe quelle prime pacte d’un enseignant, mais aussi qu’elle soit annoncée en brut, alors que celle des professeurs l’est en net, accentuant encore plus la différence de traitement ? Comment expliquez-vous qu’elle ne soit pas versée aux FF, aux stagiaires et aux néo-titulaires ?
Comment expliquez-vous que les seules perspectives qui nous sont présentées soient des primes dont nous ne profiterons pas ou si peu au moment de la retraite ? Retraite dont le montant sera lui aussi inférieur à bon nombre de celui des enseignants avec la généralisation de la hors-classe et maintenant de la classe exceptionnelle pour eux.
Il est également temps que soit mis en place un barème national pour l’attribution des promotions et des mutations afin que dorénavant toutes ces opérations se fassent en toute transparence, sur des critères objectifs, et que cessent le fait du prince et les inégalités entre départements et académies.
Demain, 10 janvier, a lieu l’épreuve d’admissibilité pour le recrutement des futurs PERDIR.
En 2019, il y avait 4440 inscrits et 3368 présents
En 2023, ils n’étaient plus que 3390 inscrits et 2635 présents, pour le même nombre de postes, soit une baisse de 21.76 % chez les présents. Combien seront-ils demain ?
Comment convaincre des personnels de passer le concours quand on voit l’évolution récente de nos conditions de travail, la lourdeur des tâches confiées, le stress, et la faiblesse de nos rémunérations par rapport aux responsabilités et à l’engagement qui sont les nôtres ?
Combien faudra-t-il de démissions, de burn-outs, de reconversions pour qu’enfin la parole des PERDIR soit entendue ?
Enfin, et parce qu’ils n’ont pas souvent la possibilité de s’exprimer, permettez-nous aussi de nous faire le relais de nos collaborateurs les plus proches, les secrétaires de direction, qui montent en compétences à nos côtés, au fur et à mesure de la montée des exigences qui nous sont faites. Il est grand temps de les faire tous et toutes passer en catégorie B, et de revaloriser ceux et celles qui ne comptent pas leurs heures au service des élèves.