Dans son discours du 5 octobre, à l’occasion de la journée mondiale des enseignants, le Ministre Attal annonce un programme réactionnaire pour l’école. L’analyse du snU.pden-FSU.
Monsieur le Ministre de l’Éducation Nationale a prononcé un discours le jeudi 5 octobre à l’occasion de la journée mondiale des enseignants.
Ce discours nous interpelle sur plusieurs points :
En premier lieu celui de la méthode. Une nouvelle fois des annonces pour la prochaine rentrée scolaire de 2024 qui ne permettront pas un travail de fond avec les équipes, dans un temps et un calendrier compatibles avec celui de la vie de nos établissements, dont le travail sur la DHG en janvier. D’autre part, annoncer une grande concertation en indiquant les principales orientations retenues, ne peut augurer une concertation ouverte et efficace. Et tout ceci en huit semaines…
Ensuite, sur le fond, le renforcement des « fondamentaux », alors que notre pays est déjà celui qui y consacre le plus de temps, le manuel unique, la remise en cause des cycles et les groupes de niveaux sont autant d’éléments constitutifs d’un système rétrograde.
En effet, au lieu d’analyser les difficultés et les points forts d’éléments structurant le collège tels que l’hétérogénéité, l’inclusion, les cycles d’enseignement pour renforcer leur efficacité, le Ministre propose l’abandon et le retour à des recettes qui ont prouvé leur inefficacité.
La question des effectifs dans les classes ordinaires, dont le Ministre se targue pourtant de prouver l’efficacité des petits effectifs pour certaines classes du primaire, n’est pas abordée. La question du temps pour le travail collectif au sein des EPLE, pas abordé. La question de la poursuite de la mise en cohérence de l’organisation en cycle du collège et de l’examen terminal, pas abordé. La question des moyens pour permettre la poursuite du travail en co-enseignement lorsque cela est porteur de sens pour les collectifs, pas abordé non plus. Allons au bout des processus avant d’en changer, évaluons, régulons, permettons leur plein épanouissement, créons les conditions de leur efficacité. Au lieu de cela : nouveau changement de paradigme et retour aux principes les plus conservateurs.
Encore plus grave, ces orientations ouvrent la porte au retour à des filières précoces. Pourquoi en effet s’arrêter à des groupes de niveau en français et mathématiques. Si l’hétérogénéité des classes n’est pas profitable dans les matières jugées par le ministre comme fondamentales, pourquoi ne pas en faire profiter les autres. Nous reviendrions ainsi à un système que nous avons connu avant la massification du baccalauréat.
Enfin une véritable défiance envers les personnels enseignants et de direction émerge du discours du Ministre. Un manuel unique ? Les collectifs enseignants, dans le cadre du projet d’abolissement ne seraient pas aptes à définir le support le plus adapté ?
L’organisation des groupes qui revient au chef d’établissement dans le cadre du travail collectif préalable devrait être imposé ? Ne serions-nous pas capables de proposer les structures d’enseignement les plus adaptées aux élèves que nous accueillons ?
Nous récusons ces orientations qui ne vont pas dans le sens d’une école plus démocratique. Nous les récusons parce qu’elles nient la richesse, la responsabilité et la nécessaire marge d’autonomie nécessaires à l’efficacité de l’exercice de nos métiers. Nous les récusons parce que la société qu’elle promeut, est réactionnaire.
Monsieur le Ministre, donnez-nous la stabilité et les moyens qui nous permettent de travailler dans des conditions dignes de la richesse et de l’histoire de notre pays, donnez nous les moyens de former notre jeunesse pour qu’elle puisse répondre aux exigences démocratiques d’une société complexe et évolutive. Renforcez la confiance des citoyens envers le Service Public de l’Éducation Nationale.
Le devenir de notre République l’exige.
Igor Garncarzyk
Secrétaire général