Depuis de nombreuses semaines, les enseignants et les équipes de direction ne cessent d’alerter la tutelle sur les difficultés techniques liées à l’organisation des E3C : livraison des scanner, temps passé à cette nouvelle mission, mise à disposition des copies numérisées aux enseignants, planning de surveillance à organiser localement, en fonction des impondérables des établissements eux-mêmes. Ce dernier élément pose à lui seul le problème de l’équité entre les élèves d’établissement différents, qui pourront bénéficier des informations de leurs camarades, par exemple via les réseaux sociaux… Sans vouloir enfoncer davantage le Ministère englué dans un ensemble de problèmes, il nous est impossible de ne pas évoquer l’épisode de l’ouverture de la banque nationale des sujets, promise le 2 décembre, reportée d’une semaine, ce qui fait un peu tard pour préparer de manière sérieuse une épreuve prévue fin janvier. On ne peut que déplorer le manque d’harmonisation entre les disciplines quant au nombre de sujets disponibles : 57 en Anglais, 47 en Espagnol, 578 en Histoire-Géographie… Autant de sujets dont il faut prendre connaissance, comparer les approches.
Sur un plan plus pédagogique, la forte hétérogénéité des sujets interroge et pose nécessairement problème : quel bon choix faire ? De ce fait, des questions d’ordre éthique se sont posées aux équipes. Faut-il choisir des sujets ardus, quitte à faire tomber les résultats de l’établissement ou bien choisir des sujets plus faciles, histoire de faire monter les statistiques. Si l’on élargit un peu la question, dans l’hypothèse d’une évolution de l’évaluation des enseignants dans laquelle on observerait leur mérite, les résultats des élèves au baccalauréat pourraient constituer un signe tangible de leur investissement personnel. Mais on voit bien que la possibilité de choisir des sujets plus ou moins faciles biaise automatiquement la question et qu’elle renverra les équipes pédagogiques et les équipes de direction à la question même du sens de l’évaluation, du niveau des élèves et de la crédibilité du baccalauréat lui-même.
Devant la représentation nationale, le Ministre de l’Education Nationale a surtout vanté le progrès technologique lié à la mise en place des E3C et le fait que ces épreuves ne représentaient que 2% du contrôle final. Au vu du contexte social, des tensions croissantes dans les établissements, ces 2% valent-ils vraiment la peine que les examens soient maintenus ?
Renvoyer toutes les responsabilités aux proviseurs avec un cadrage ministériel qui ne garantit ni l’équité de traitement des candidats, ni celle des enseignants correcteurs est inadmissible. Le cadre national doit être fixé avec la plus grande rigueur, en prenant en compte les réalités de la vie des lycées, ce que semble bien méconnaître le Ministère. Dans l’intérêt de chacun, le snU.pden-FSU demande un report des E3C au mois de juin 2020.
Paris, le 20 janvier 2020
Samuel Lautru, secrétaire national adjoint du snU.pden-FSU