Alors qu’hier a eu lieu le douzième jour de mobilisation contre la réforme des retraites, le 11 avril 2023, a été voté au Sénat, un projet de loi destructeur pour l’Éducation Nationale : « proposition de loi pour une école de la liberté, de l’égalité des chances et de la laïcité ».
En ce qui concerne le second degré, la référence prise par les initiateurs du projet est la réforme anglaise de 2010 : autonomie renforcée (recrutement des enseignants par le chef d’établissement, contractualisation, chef d’établissement nommé par le conseil d’administration,…), établissements confessionnels dans le service public. Nous contestons la pertinence de cette vision. Pourquoi ne pas avoir pris comme référence, par exemple la Finlande, pays où les écarts de performance entre élèves sont les plus réduits et dans lequel un élément prévalent du succès de son système éducatif est constitué par son homogénéité, a contrario de l’évolution anglaise et de l’éclatement proposé dans le projet de loi adopté par le Sénat.
Non, l’autonomie renforcée des EPLE, la casse des statuts, le poids renforcé des collectivités territoriales, la contractualisation effrénée, ne constituent pas l’antidote aux difficultés rencontrées actuellement par notre système scolaire.
Non, le statut n’est pas la cause de la difficulté de recrutement au sein de notre institution mais ce sont bien la faiblesse de rémunération et les conditions d’exercice du métier qui la provoque.
Non, l’éclatement du système éducatif n’est pas une nécessité pour renforcer son efficacité mais au contraire la volonté, partout sur le territoire de donner aux équipes les moyens et la stabilité nécessaire.
Non, le fait de donner la présidence du conseil d’administration à un membre autre que le chef d’établissement ne renforcera pas la dynamique collective et la force du projet pas davantage que le recrutement de personnels enseignants sur mission.
Non, la contractualisation et le pouvoir des collectivités locales renforcés ne permettront pas la réussite égalitaire sur l’ensemble du territoire. Nous percevons déjà les inégalités en fonction des choix politiques ou des moyens financiers des collectivités, ne les accroissons pas.
Ce projet de loi, s’il parvenait à être adopté, entrainerait une déstructuration complète du Service Public de l’Éducation National, déjà bien mis à mal.
Comme pour les retraites, c’est un projet de société qui s’affirme par cette proposition de loi.
Le snU.pden FSU ne veut pas de cette société basée sur la concurrence, le contrat, Le snU.pden FSU souhaite une société dans laquelle :
- le statut conserve toute sa place au bénéfice des usagers,
- l’État assume pleinement son rôle de garant de l’égalité d’offre scolaire sur le territoire,
- l’École joue pleinement sa fonction émancipatrice.
C’est cette société, que notre École doit contribuer à forger.
Comme nous combattons la réforme des retraites, nous combattrons cette réforme de l’Éducation Nationale dont nous ne voulons pas.
*https://www.senat.fr/petite-loi-ameli/2022-2023/501.html
https://www.senat.fr/leg/exposes-des-motifs/ppl22-320-expose.html