Delirium obstinens

Les personnels de direction ne souffrent pas de l’absence « d’un cap clair » ni d’un dégonflement des moyens en contradiction avec « des objectifs politiques ambitieux ».

Ils pâtissent des effets d’une politique qui ne propose rien d’autre que l’indigence entêtée d’un managerialisme communicant.

La construction du sens dans notre activité professionnelle est annulée par des prescriptions qui ne visent plus que le court terme. L’obsession évaluative transplante en éducation les méthodes d’un benchmarking tout aussi envahissant qu’inefficace et contre-productif. La confiance dans l’institution est remplacée par la démultiplication des dispositifs de contrôle. La dynamique des collectifs de travail est délaissée au profit d’une standardisation appauvrie. L’engagement professionnel est mis à mal par une gestion des carrières qui prend pour modèle une forme prolétarisée de l’esprit d’entreprise. On en passe…

L’obstination dans une stratégie du passage en force, qui présente ses partis pris comme des évidences incontestables de la raison, n’est pas sans faire écho à la tragi-comédie politique du moment.

On voit les effets de cette attitude forcenée. L’amplification des inégalités, la déconsidération des institutions, l’intensification de l’insécurité sociale et l’affaiblissement des services publics ont conduit à une polarisation critique de la société qui met l’extrême droite aux portes du pouvoir.

C’est cette même politique qui abîme notre métier. La réactivation du logiciel blanquérien à la faveur d’un gouvernement de transition en est le dernier avatar.

Pour le snU.pden-FSU, les détériorations que nous subissons dans notre activité professionnelle, ne sont pas le résultat de contraintes techniques, de difficultés seulement managériales à « mettre en œuvre les réformes ». Le sentiment de perte de sens est la conséquence d’un projet en porte-à-faux avec les convictions qui ont fondé pour la plupart d’entre nous notre engagement. Il est l’effet d’une politique qu’il s’agit de combattre, et il en est inséparable.

C’est pourquoi nous revendiquons d’être un syndicat pour qui la défense du métier est inséparable d’une perspective de transformation sociale. Le contexte en souligne plus que jamais l’urgence.