Santé mentale des élèves : de la pression pour faire du vide

La Dgesco met sous pression les chefs d’établissement pour contrôler que les effets d’annonce d’Elisabeth Borne suite aux Assises de la santé scolaire sont bien relayés sur le terrain.

Le « plan santé et réussite des élèves » issu des Assises prévoit l’installation d’un conseiller technique santé mentale dans chaque département (en fait un PSYEN dont on manque déjà dans les établissements), des modules d’autoformation, et la désignation de deux « personnels repères » pour la santé mentale des élèves (obligation étant faite aux chefs d’établissement de désigner des volontaires pour une réplication du protocole pHARe en encore moins bien).

Ce train de mesures sous emballage volontariste a surtout l’effet d’un sparadrap sur une jambe de bois : substitution du tutoriel à la professionnalisation et promotion du kit de la recette miracle à l’instar du programme pHARe. Le tout sur fond de transformation de la pénurie des professionnels de la santé scolaire en situation normale par un coup de baguette magique : acter leur rattachement aux « pôles départementaux santé social » revient à légitimer la carence de ces personnels dans les établissements.

Certes, les éléments de langage servis dans les académies consistent à dire que l’application d’un vademecum ne remplacera pas les compétences cliniques d’un PSYEN, et qu’il ne s’agit que de former des binômes de lanceurs d’alerte, qui relaieront à l’équipe ressource. Mais dans ce cas, pourquoi tant de bruit pour si peu de chose ? C’est au mieux contribuer à occulter le problème.

Tout cela marque le néant d’une politique de santé scolaire. Notre ministère n’est pas en capacité de proposer autre chose qu’une gesticulation communicante qui substitue l’affichage du curatif au travail de l’éducatif.

La formation de tous pour la promotion de la santé à l’école sont essentielles. La construction d’une synergie d’équipe au sein des établissements également. Mais un plan d’action à la hauteur ne peut pas se satisfaire d’un ersatz en guise de collaboration entre professionnels. Pour le snU.pden-FSU, la meilleure garantie pour la sécurité psychique des élèves que nous accueillons, c’est d’abord de renforcer le service public par la présence de professionnels confortés dans leur cœur de métier, et pas de le désarmer en l’équipant de gadgets.