La « clause du grand-père », le mirage de la réforme des retraites

La réforme des retraites voulue par le président de la République qui devait être une avancée pour tous car plus juste, prend l’eau de toutes parts.

Malgré les interventions de spécialistes et autres connaisseurs du dossier, les salariés du public et du privé commencent à comprendre que c’est une baisse programmée de leurs pensions qui est prévue. Baisse inéluctable avec la prise en compte de l’ensemble des rémunérations perçues au cours de leur carrière.

Ainsi pour un fonctionnaire de l’Education Nationale dont le traitement en début de carrière est d’environ 1,3SMIC, il est clair que les 42 annuités nécessaires vont recouvrir une longue période avec des traitements bas. Cette situation était jusque-là compensée par la prise en compte des 6 derniers mois comme référence pour calculer le montant de la pension.

A cela s’ajoute la valeur de service du point (valeur qui permettra de transformer les points acquis en pension) qui ne sera pas connue à l’avance. Celle-ci sera calculée chaque année en fonction du nombre de départs en retraite et de la part du PIB disponible pour payer les retraites.  Il est prévu de ne consacrer que 13,8% du PIB aux retraites du secteur privé et du secteur public.

Devant les réactions qui montent de divers secteurs, le gouvernement a décidé de relancer des rencontres avec les organisations syndicales qui « coécriraient » la réforme…… Des ballons d’essai sont lancés :

  • Par exemple pour les enseignants une revalorisation qui permettrait de « maintenir » le niveau des pensions. (Il faut être naïf pour croire à une telle promesse quand on sait que le point d’indice n’a pas bougé depuis une dizaine d’années)
  • Autre idée la clause dite du « grand-père » : il s’agirait de repousser l’entrée en vigueur de la réforme à futurs salariés, en l’an 2030 ? 2040 ? Ce report ne changera strictement rien au but de cette réforme et doit être combattu comme la réforme elle-même.

Cette réforme qui n’a qu’un but : diminuer le montant consacré aux pensions et pousser leurs titulaires dans la pauvreté ; elle fait écho à ce qui a été mis en œuvre ces dernières années dans d’autres pays européens, comme la Grèce par exemple, sur les injonctions de la troîka (FMI, Commission Européenne et Banque Centrale Européenne).

Le déficit des régimes de retraite avancé pour justifier la réforme systémique est un « pseudo déficit » selon Henri Sterdinyak. Dans son analyse du dernier rapport du COR, l’économiste souligne que « le « pseudo déficit » provient essentiellement de la baisse des ressources affectées au système, en raison de la forte baisse de la part de la masse salariale du secteur public, de la non compensation de certaines exonérations de cotisations sociales…»1. Rappelons que les femmes fonctionnaires sont majoritaires dans les cadres B et C aux traitements les plus bas de la Fonction Publique.

D’autres moyens de faire face au paiement des pensions existent dans notre pays. Il faut créer de l’emploi pérenne et bien rémunéré, supprimer le CICE qui n’a créé aucun emploi, mettre à contribution les revenus du capital, revoir la répartition des bénéfices des entreprises qui à l’heure actuelle favorise les actionnaires au détriment des salariés et de l’outil de travail voire augmenter le taux de « cotisation retraite » pour garder un bon niveau de pension.

Le snU.pden-FSU est clairement opposé à cette réforme des retraites qui constitue une régression majeure pour l’ensemble des citoyens qui seront poussés dans la précarité.

Paris, le 20 novembre 2019

Anne-Marie Guichaoua

1 https://www.alternatives-economiques.fr//rapport-cor-un-deficit-construit-de-toutes-pieces/00090987