Covid : quand le mépris de la santé des personnels sert de boussole managériale

Alors que treize nouveaux départements ont été placés en zone de circulation active du coronavirus, au Journal Officiel dimanche 20 septembre, le gouvernement a décidé d’atténuer une nouvelle fois les critères du protocole sanitaire. S’appuyant sur un avis rendu par le Haut Conseil de la Santé Publique (HSCP) en date du 17 septembre, la foire aux questions mise à jour le dimanche 20 septembre a clos la polémique sur les masques fournis par l’Education Nationale : « les masques grand public de catégorie 1 répondant aux spécifications de l’Afnor (tels que ceux que le Ministère de l’Education Nationale fournit à ses agents) garantissent un niveau de filtration élevé et sont suffisamment protecteurs dans le contexte scolaire. » La foire aux questions détaille les mesures à prendre pour respecter « les règles de distanciation physique », les « règles de brassage », « le fonctionnement des cantines ». Pour autant, avec l’obligation d’accueillir tous les élèves et de respecter les horaires des élèves, nous sommes nombreux dans les établissements à être confrontés au non-respect des règles de distanciation physique, particulièrement lors de la restauration scolaire. Que ce soit celle des élèves ou bien celle des personnels…

Aussi sommes-nous surpris d’apprendre que « l’apparition d’un cas confirmé parmi les enseignants ou les élèves n’implique pas automatiquement de contacts à risque dans la classe. » Depuis le début de cette rentrée, nous faisons face à des tests réguliers d’élèves et de personnels, de collègues parfois asymptomatiques et pourtant positifs.

La foire aux questions ajoute que « dans la circonstance où trois élèves d’une même classe (de fratries différentes) seraient positifs au Covid-19, alors les élèves et les personnels de la classe doivent être considérés comme contacts à risque. »  Pour autant, cette dernière phrase ne permet pas de déduire le fait que les classes touchées seront de facto fermées. Cette décision n’appartient pas aux chefs d’établissement.

Que dire sinon que depuis le mois du juin, les avenants aux protocoles publiés diminuent chaque fois un peu plus les mesures visant à protéger les personnes. Que le ministère de l’Education Nationale s’appuie sur les avis du HCSP, instance médicale devenue incontestable, du fait même de son titre. Que ces avis permettent de gérer au coup par coup les ressources humaines de notre ministère qui fondent comme peau de chagrin.

Les choix actuels visent à faire fonctionner l’Ecole, coûte que coûte avec des personnels chaque semaine un peu plus désabusés. Il n’y a pas d’argent pour l’Ecole, pas de nouveaux personnels à recruter pour alléger les tâches, rassurer, permettre un meilleur apprentissage ? Il n’y a pas assez de remplaçants ? Pas grave : hop ! On change les règles, le ministre apparaît dans les médias, on adapte les normes sanitaires et on voit si ça tient dans les établissements. Règles et management parfaitement cyniques que nous dénonçons avec vigueur dans les instances où nous siégeons.

Il faut le dire : à un moment donné, il faudra rendre des comptes de cette politique et de ces mesures. Bien entendu, nous comprenons que les parents d’élèves soient en difficulté pour garder leur enfant. Mais tout cela se fait sur le dos des enseignants et des personnels dans leur ensemble, une nouvelle fois méprisés par un gouvernement qui n’en a cure.

Bobigny, le 22 septembre 2020

Le bureau national